Sur une colline de Las Galeras de Samana en République Dominicaine: histoires de papillons

vendredi 20 avril 2012

histoires de papillons

papillon feuille

Avant d'être papillon, j'étais chrysalide, et avant d'être chrysalide, j'étais chenille, et avant d'être chenille, j'étais un oeuf minuscule au revers d'une feuille.

Qui a pondu l'oeuf??? Ma mère papillon bien sûr!! Qui a pondu l'oeuf de la mère papillon?? Sa mère papillon bien sûr!!! Et le premier papillon du monde qu'est-il devenu?? Il vit encore à travers moi puisque je suis au bout de cette chaîne ininterrompue!

Bonne promenade parmi mes frères et soeurs!

Ne vous méprenez pas! ces jolies petites baies marron sur cette feuille sèche du frangipanier que ma famille est en train de dévorer ne sont pas comestibles! il s'agit de nos excréments!! Et oui! Ce sont sans doute les plus beaux au monde!

Je ne suis pas près de m'en aller, la fleur est tellement jolie! Voyez-vous son coeur tout jaune? C'est là, dans ce restaurant à ciel ouvert, que je déroule ma trompe.

J'escaladais doucement une brindille quand une lumière vive m'a aveuglé. Je ne bouge pas, même pas mes antennes. J'attends que le calme revienne autour de moi avant de m'envoler.

Je suis sans doute la chenille du sphinx, lorsque je sens un danger, je redresse ma tête à la manière du sphinx égyptien, d'où le nom que les humains m'ont attribué, sans mon accord bien entendu!! bon... je ne vais pas en faire toute une histoire!!

Papillon de nuit je suis, un genre sphinx quelque chose, mais le nom scientifique donné par les humains ne m'intéresse pas, ma vie n'est pas assez longue pour ça, d'ailleurs dans quelques minutes il ne restera plus grand chose de ma beauté!!

Quel régal! la chair de cette calebasse est tellement sucrée! Ma trompe rouge s'enfonce dans cette masse blanche qui vire au noir avec le temps. Je suis capable de rester ainsi très longtemps et mon fournisseur de chair de calebasse est très généreux, il m'en donne même plus que je ne peux en aspirer!

Je me suis bien fait avoir! Au lieu de poser mes délicates pattes sur une herbe tendre, je me suis retrouvé au beau milieu d'un tableau. Il manquait visiblement un papillon!

Le jardin où je promène mes ailes chatoyantes est vraiment extraordinaire! C'est un plaisir de voleter de-ci, de-là, sans jamais s'inquiéter des prédateurs. Il n'y a que cette chose brillante qui me suit d'un peu trop près parfois, mais j'ai appris à la connaître, elle ne me veut aucun mal; elle m'admire.

Je me repose un peu tout en aspirant une goutte de rosée. Je ne suis plus tout jeune, j'ai bien quelques semaines, mes ailes ont été un peu maltraitées par une bourrasque.

Je suis tellement lourd que la fleur tangue dangereusement, je me cramponne pour finir mon repas. Tout occupé à stabiliser ma position je n'ai pas ouvert mes ailes.

Je suis très petite! Mais je ne grandirai pas plus! Je suis en perpétuel mouvement et je risque à chaque instant une collision avec plus gros que moi!