Peuples d'origine incertaine
Il semble naturel de vouloir savoir d'où nous venons, à quel peuple appartenons-nous, d'où vient aussi le nom de famille que nous portons, etc... Mais, au-delà de toutes ces questions sur nos origines, la recherche elle-même n'est-elle pas la recherche primordiale de l'origine de l'homme?
Les peuples, appelés "primitifs" par notre civilisation, ont tous laissé des messages nous indiquant leurs origines à travers leurs légendes et leurs mythes. Pourquoi nous obstinons-nous à chercher encore? D'où nous vient ce désir insatiable de chercher à savoir? Les réponses que nous attendons ne viendront pas d'une source extérieure à nous-mêmes, car tout est inscrit en nous, nos ascendants, nos origines bien lointaines, tout est là... mais tellement bien caché que seuls ceux sachant rentrer en eux-mêmes peuvent trouver la réponse.
Bouddha n'a-t-il pas vu toutes ces innombrables incarnations? Jesus ne savait-il pas d'où il venait? Les peuples Amérindiens et certaines tribus d'Afrique n'ont aucun doute sur leurs origines!
Les réponses ne pourront jamais nous satisfaire tant que nous ne saurons pas nous servir de notre esprit et de notre coeur pour rentrer en nous-mêmes.
Les Ainous
Les Aïnous sont animistes. Selon la tradition, tout élément de la nature contient un kamuy (esprit, écrit aussi kamui). Il y a une hiérarchie dans les kamuy. Le plus important est celui du feu (Apehuci-Kamuy) ; ensuite on trouve les kamuy des animaux de montagne et encore derrière, les kamuy des animaux de la mer. Les Aïnous remercient les dieux avant de manger, et prient le kamuy du feu lorsqu’ils sont malades. Ils croient que les esprits sont immortels, et qu’ils seront récompensés par l’accès à la terre des dieux.
Le folklore aïnou contient aussi des sortes de petits lutins, les Koropokkuru. nains habitant sous terre et dans les tiges des feuillages de tussilages ou de pétasites . De la taille d’un pied d’enfant, ces “lutins” sont des kamuys végétaux. Etablis dans les forêts, ils apparaissent au voyageur perdu pour le guider sur sa route.
Contrairement à d’autres croyances, les légendes aïnoues ne considèrent pas que leurs “esprits” leur “parlent”, au sens “s’exprimer avec des mots articulés”. Mais les sons et les attitudes doivent être interprétés pour comprendre la signification du message envoyé par les kamuys.
L'aïnou ou kourilien
Les Aïnous, qui sont désormais moins de vingt mille, vivant principalement au Japon (l'île de Hokkaïdô) et ne pratiquant que le japonais, étaient encore il y a un siècle répandus dans les îles Kouriles, dans la partie méridionale de Sakhaline, dans l'île de Shikotan (où une partie de leur population avait été déportée en 1884 par les Japonais) et sur le continent asiatique, vers l'embouchure de l'Amour. Leur langue, dont on a pu dénombrer une vingtaine de dialectes aux différences très marquées, n'est plus parlée - elle pourrait sans doute encore être comprise par une dizaine de personnes seulement. Bien qu'on l'ait rangé dans cette page aux côtés du japonais, auquel il a, il est vrai, emprunté une partie de son vocabulaire, l'aïnou offre également plusieurs racines que l'on pense communes aux idiomes sibériens, paléo-asiatiques et même ouraliens (samoyède notamment). Si l'on ajoute à cela l'hypothèse actuelle selon laquelle les Aïnous - dont la trace se perd vers le IXe sècle, époque à laquelle ils étaient une population guerrière du Nord de l'île de Honshû - auraient leur origine dans la péninsule indo-malaise et se seraient très tôt mélangés à des éléments sibériens, on comprend que l'apparentement de leur langue à une famille particulière soit pratiquement illusoire. (H. Cordier/ Thévenot / B.).
Les Tibétains
La préhistoire tibétaine demeure, dans une large mesure, une terra incognita. Les sites identifiés comme les plus anciens ont livré des vestiges remontant au Paléolithique supérieur. Le Néolithique est également représenté, notamment sur le site de Kharo, dans l’est du pays, où une trentaine d’habitations, des milliers d’outils de pierre et des poteries ont été mis au jour. Des menhirs, isolés ou alignés, témoignent de l’existence d’une culture mégalithique. De nombreuses tombes, analogues à nos tumuli à allée couverte et utilisées du premier millénaire avant J.-C. jusqu’à l’an mil de notre ère ont également été identifiées. Aucune trace d’art pariétal n’a été reconnue et les gravures rupestres découvertes dans l’ouest sont protohistoriques, avec des représentations d’animaux, de chasseurs, de symboles divers tels que la roue solaire ou la swastika. Le bronze, puis le fer apparaissent avec un décalage d’un millénaire si l’on considère les dates de leur première utilisation en Asie occidentale, en Europe et en Chine.
Les origines de la population indigène du Tibet demeurent très obscures, d’autant qu’aucune enquête anthropologique n’a pu être menée pendant longtemps, du fait de l’isolement et des traditions funéraires du pays. Si l’on s’en remet à la cosmogonie traditionnelle, qui s’est imposée à l’époque où le Tibet est passé au bouddhisme, le bodhisattva Avalokiteshvara se manifesta sous la forme d’un singe sur cette terre désolée et peuplée de démons. Il s’y accoupla avec une démone présentée parfois comme un bodhisattva de Tara, la libératrice de tous les maux. Six singes naquirent de cette union et ils furent à l’origine de six tribus différentes. Quand l’hominisation de ces animaux fut réalisée, un roi descendit du ciel ou apparut au sommet d’une montagne sacrée. D’autres récits mythiques font référence au Mahabharata, la grande épopée indienne, et veulent que la royauté tibétaine soit issue d’un chef Pandava vaincu, réfugié au nord de la chaîne himalayenne. Un prince bouddhiste indien aurait, selon d’autres traditions, été accueilli dans le pays pour y fonder la lignée royale. Si l’on se réfère à une histoire plus solidement fondée, certains attribuent au clan indien des Lichavi, apparenté à Gautama Siddartha, le Bouddha lui-même, la fondation de la royauté tibétaine mais, si la dynastie qui a régné sur le Népal du IIe au VIIe siècle de notre ère a bien cette origine, il n’en est rien pour ce qui concerne le Tibet où le bouddhisme n’intervient que tardivement, sans doute pas avant le VIIIe siècle après J.-C.
Les Dogons
Origines historiques…
Ce désir de conserver la mémoire des premiers ancêtres anime toute l'histoire des Dogons, mais leur origine reste controversée. Une seule chose est sûre : ils n'habitent pas la falaise depuis des temps immémoriaux, et lorsqu'ils s'y sont installés, au début du XIVe siècle de notre ère, ils ont chassé vers la plaine ses habitants, les Tellem, le « petit peuple rouge », qui a laissé dans les cavernes quelques vestiges. Pour certains, les Dogons viendraient de l'ouest, de l'ancien empire du Ghana ; une sécheresse les aurait poussés à émigrer et au moment où, mourant de soif, ils se croyaient perdus, un de leurs chiens revint les pattes humides. Ils arrivèrent au fleuve Niger et auraient conclu avec les pêcheurs Bozo un serment du sang. Après de durs combats, ils repoussèrent les habitants des falaises dans le Yatanga.
Pour d'autres, ils seraient arrivés de l'ouest du Mandé, une vaste contrée qui comprenait les actuels Sénégal, Guinée, Mali, Côte d'Ivoire, Burkina, Libéria, Ghana, mais les Dogons ne sont pas d'accord sur une localisation plus précise de la contrée où auraient vécu leurs ancêtres, les Keita. Pour d'autres encore, les Dogons auraient occupé une aire plus vaste, incluant le Yatenga, puis auraient été poussés par les Mossis vers les falaises. Les Dogons auraient pu se confondre avec les Kibse, et auraient en partie été assimilés par les Kurumba, attirés par les techniques du fer et du forage de puits profonds, alors qu'une une autre partie aurait migré. De migrations en migrations, poussés par des peuples hostiles, les Dogons se sont donc trouvés acculés à la limite d'un plateau rocheux, la falaise de Bandiagara longue de quelque deux cents kilomètres, où leur présence est attestée aux XIV-XVe siècles, et où ils furent attaqués par les Mossis aux XVe et XVIe siècles.
… et origines mythiques
Dans leur contexte, les origines historiques sont d'ailleurs beaucoup moins importantes que les origines mythiques, même si Amma, le grand dieu traditionnel, a été rejoint au firmament du panthéon par Allah, le dieu musulman pour lequel sont bâties des mosquées, à deux pas de gravures rupestres qui représentent des scènes de sorcellerie comme au village de Songo. C'est par la persuasion et non par la force que l'islam s'est lentement infiltré, valorisant le peuple dogon et respectant ses coutumes. Au commencement du monde, Amma créa la terre, une femme à laquelle il s'unit pour donner d'abord naissance à un chacal inattendu, et d'où naîtront les problèmes ultérieurs. Une nouvelle étreinte donna naissance à un couple, le Nommo, à la fois hommes et serpents, des êtres parfaits qui restèrent au ciel. Ils apportèrent cependant à leur mère, la terre, l'eau, ainsi que la Parole. Le chacal força sa mère, la rendit impure et en apprit la parole qui lui permit de nuire à Amma.
Amma façonna un premier homme et une première femme qui engendrèrent huit enfants, à l'origine du peuple dogon. Le septième reçut des dons particuliers, permettant aux hommes de connaître le progrès. Il se transforma en serpent, puis il fut tué par les hommes. Mais ce serpent Nommo était immortel, et il absorba le plus vieil homme vivant, le Lébé conservant ce qu'il y a de bon, rejetant le mauvais. Lorsqu'il pratique le culte du Lébé, le Hogon fait donc revivre le mythe originel. La cérémonie du Sigui, tous les soixante ans, rappelle la mort du premier ancêtre dont l'âme passe dans le nouveau masque qui est fabriqué à cette occasion. Les initiés parlent alors une langue secrète, et n'acceptent parmi eux qu'une seule femme, la yasiguine, qui rappelle celle qui reçut du Nommo la première parole.
http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_dogons_culte_des_ancetres_et_danses_des_masques.asp
La transmission de l'indéfinité
commentaire de la légende du "soleil dogon"
(par Philippe Doussin)
"Cette légende est remarquable, car on retrouve tout le symbolisme traditionnel. Voilà comment peut être lue cette légende." (Philippe DOUSSIN)
C'était il y a très longtemps. A l'époque où le ciel était proche de la terre, si proche que, le soir, les mères décrochaient les étoiles pour que les enfants jouent avec avant de s'endormir.
Au début du cycle de la présente humanité, les hommes savaient se mettre sans aucune peine (car le Ciel et la Terre sont proches « de l’homme ») en contact avec le domaine métaphysique (le ciel), car ils n’étaient en rien différents de l’homme primordial (l’état édénique, appelé généralement dans tous les peuples traditionnels « l’ancêtre ») en lien permanent avec l’Être (et le Principe Suprême). Les enfants naissaient déjà dans cet état, et toutes les possibilités spirituelles (les étoiles) leurs étaient si aisément accessibles qu’ils en jouaient.
A cette époque, donc, brillaient 10 soleils au firmament.
La lumière spirituelle était diffusée (donc leur appartenait intimement) par tous les êtres (dans la tradition extrême-orientale 10 est défini comme le nombre qui contient tous les autres nombres et par extension est le symbole de la totalité cosmique), mais cette multitude n’était qu’apparente et était finalement contenue indistinctement dans le firmament.
Un jour, un chasseur aussi impudent qu'adroit, tira des flèches sur ces soleils. L’être devenu chasseur, c'est-à-dire descendu au niveau de l’individualité, usa de l’espace et du temps (la flèche en mouvement est un symbole pour désigner l’espace – la trajectoire – et le temps – la succession des positions. Elle est aussi un symbole de l’axe du monde, ce qui signifie que si l’homme tire une flèche vers le soleil - image du Principe dans la manifestation - c’est qu’il s’est éloigné de celui-ci).
Les deux extraits ci-dessus peuvent être aussi traduits de la sorte : Les possibilités de manifestation contenues indistinctement dans le Principe, en se distinguant par la descente le long de l’axe du monde, donnent naissance à la multitude des êtres.
Il en tua neuf, le dixième put échapper au massacre et s'enfuit pour se cacher. Le Principe, par le sacrifice de son unité, donne vie aux êtres individualisés, mais il n’est pas atteint dans son intégrité par ce sacrifice puisqu’il reste toujours au moins un soleil. Ou si l’on prend encore un autre point de vue, la multiplicité ou la distinction n’est qu’apparente et lorsque l’on a tué toutes les distinctions il reste l’unité (un seul soleil) inaccessible et cachée aux yeux des profanes (ceux qui veulent rester comme le chasseur, c’est-à-dire à tirer des flèches, donc dans le monde de l’espace et du temps, de la forme).
Alors la nuit s'installa. Et le froid. Sans soleil, les cultures dépérirent. On tue la distinction par le renoncement au monde de la forme, au monde de la manifestation qui se trouve sous le soleil. Ce qui est finalement une mort à ce monde et nécessite de passer au-delà du soleil.
Les Hogons se réunirent, et adressèrent force prières et accomplirent de nombreux sacrifices pour supplier le soleil de réapparaître. Pour passer au-delà du soleil et voir briller une autre lumière, il faut accomplir des actes conformes aux cycles cosmiques, ou conformes à ce que le Principe Suprême a accompli par son sacrifice pour faire naître la distinction. Il faut aussi tendre vers le domaine de la métaphysique par la concentration de toutes les modalités de son individualité (la prière). La supplication est une orientation délibérée de l’intention de l’individu vers le domaine spirituel. On peut voir aussi que la flèche tirée dans le soleil est le 7ème rayon solaire qui est la voie qui mène dans le domaine sub-solaire, et montre que si l’homme est descendu au stade de l’individu distinct du reste du monde, il peut aussi remonter vers les états supra-humains.
Magnanime, celui-ci prit pitié des Hommes et accepta de revenir briller à nouveau. Si l’individu est qualifié, c’est à dire si ses possibilités propres le lui permettent (c’est ce qu’il faut entendre par « Magnanime » et « Pitié », qui indiquent que l’homme ne peut que se conformer au Principe qui lui donne forme qui est nécessairement hors de sa volonté propre et donc supra-humain), alors il retrouvera son état d’homme primordial, qui jadis lui était octroyé dès sa naissance.
Pour le remercier et commémorer cet évènement, et rappeler l'alliance passée avec l'astre du jour, un forgeron créa ce bijou, toujours porté par les Dogons en souvenir. L’art traditionnel est une voie (authentiquement initiatique) qui, par l’accomplissement d’une œuvre conforme au Principe (dont l’image dans notre monde est le Soleil) et le maintien du lien qui lui a été confié sous forme d’Influences Spirituelles (l’alliance) au moment où l’homme quitta l’éden, permet de retrouver l’état d’homme primordial.
La transmission de l'indéfinité
Il est des choses qui ne peuvent s'exprimer par aucun mot et qui pourtant sont tout ce qu'il y a de plus réel, mais qui resteront toujours mystérieuses. Le génie d'un artisan est de ces choses-là. Nous pouvons éclairer ces propos à l'aide d'un texte Taoïste, qui nous aidera à comprendre que les écrits, de quelque nature qu'ils soient, sont impuissants à communiquer une connaissance métaphysique :
" Un jour, tandis que le duc Hoan de Ts'i lisait, assis dans la salle haute, le charron Pien travaillait à faire une roue dans la cour. Soudain, déposant son marteau et son ciseau, il monta les degrés, aborda le duc et lui demanda:
- Qu'est-ce que vous lisez là?
- Les paroles des Sages, répondit le duc.
- De Sages vivants? demanda Pien.
- De Sages morts, dit le duc.
- Ah! fit Pien, le détritus des anciens
Irrité, le duc lui dit:
- Charron, de quoi-te mêles-tu? Dépêche-toi de te disculper, ou je te fais mettre à mort.
- Je vais me disculper en homme de mon métier, repartit le charron. Quand je fabrique une roue, si j'y vais doucement, le résultat sera faible; si j'y vais fortement, le résultat sera massif; si j'y vais, je ne sais pas comment, le résultat sera conforme à mon idéal, une bonne et belle roue; je ne puis pas définir cette méthode; c'est un truc qui ne peut s'exprimer; tellement que je n'ai pas pu l'apprendre à mon fils, et que, à soixante-dix ans, pour avoir une bonne roue, il faut encore que je la fasse moi-même. Les anciens Sages défunts dont vous lisez les livres, ont-ils pu faire mieux que moi? Ont-ils pu déposer, dans leurs écrits, leur truc, leur génie, ce qui faisait leur supériorité sur le vulgaire. Si non, les livres que vous lisez ne sont, comme j'ai dit, que le détritus des anciens, le déchet de leur esprit, lequel a cessé d'être". (Tchoang-Tzeu, ch 13- I, "Les Pères du Système Taoïste", Léon Wieger).
Ici, comme dans tout texte traditionnel, les éléments mis en scène sont des symboles puissants, jamais pris au hasard, qui expriment, concomitamment à leurs significations triviales, des vérités d'un ordre supérieur. Qu'un charron serve de support pour illustrer la nature de ce qui est en jeu dans la transmission d'une connaissance métaphysique (le génie) n'est pas fortuit, car dans les peuples traditionnels la roue est le principal symbole des cycles cosmiques. Dans l'extrait que nous venons de donner est exprimé que les livres sont impuissants à transmettre cet héritage supra-humain (" leur supériorité sur le vulgaire ") qui fait que la réalisation de la roue sera Parfaite (" le résultat sera conforme à mon idéal ", on retrouve le concept d'archétype). De surcroît, on doit comprendre qu'il ne faut pas s'arrêter uniquement à la confection matérielle de la roue, mais bien considérer, aussi, sa signification transcendante. C'est donc lorsque l'individu aura unifié tous ses rythmes aux rythmes cosmiques qu'il atteindra la Perfection. Ce parcours de l'individu vers la Perfection est également d'ordre supra-humain, puisqu'il ne dépend aucunement de la volonté humaine, sans quoi le Charron aurait pu le faire emprunter à son propre fils. Ce dépôt (le génie) que le Charron a reçu des Sages défunts, ne peut s'exprimer par aucun mot et demande l'investissement de toute une vie.
Il est écrit, ici, irréfutablement que les doctrines traditionnelles ne sont pas prosélytes, car ceux qui atteindront la perfection sont rares et cette élection ne dépend d'aucun caractère de filiation humaine. C'est dire que la transformation de l'individu pour se mettre en conformité avec les cycles de la Roue Cosmique, ne peut être accessible à tous et tout prosélytisme est implicitement interdit. Atteindre ce but suprême n'est pas même certain pour ceux qui sont très avancés sur cette Voie, car le vieux charron doit encore " travailler " (continuer à faire la roue lui-même, c'est-à-dire continuer son apprentissage). On voit aussi qu'il n'y a aucun dogmatisme, car il est impossible de définir les règles qui permettront à un individu d'atteindre la Perfection, sans quoi ces règles auraient été écrites dans des livres. Nous pouvons ajouter que la liberté de parole du charron, hiérarchiquement inférieur au duc quant à sa situation sociale, montre bien que, pour un peuple traditionnel, ce qui est au-dessus de tout est la Vérité, et que le charron ne sera pas puni s'il dit la vérité. On peut retirer de ce rapport de force entre les deux protagonistes, la notion "d'Acte de Vérité" où le "connaissant", lorsqu'il agit, engage la totalité de son être et lorsque cet engagement est la Vérité, aucun obstacle (pas même la hiérarchie sociale) ne peut s'opposer à lui.
Nous saisissons que le génie dont il est question dans l'extrait, est en quelque sorte une entité vivante, presque palpable, et qu'il est bien plus qu'un simple concept littéral, ou de simples dispositions psychologiques. Les différentes traditions ont donné un nom à cette entité. On l'appelle Influences Spirituelles en Occident, Chenn pour la doctrine Extrême-Orientale, hokshichankiya (Semence Primordiale) pour la doctrine Amérindienne, et Barakah pour le Soufisme de la tradition Islamique.
Si l'on veut tenter de synthétiser la définition d'un art ou d'une science traditionnelle, on peut dire qu'il s'agit d'une science des rythmes qui, par son exercice sous les Influences Spirituelles de la tradition qui lui a donné vie, permet à un individu, s'il est qualifié, de s'élever vers les connaissances métaphysiques. Cette élévation est le parcours d'une Voie initiatique, qui transforme (à prendre au sens étymologique "passer au-delà de la forme") l'individu qui la suit pour lui permettre d'ouvrir sa conscience à une perception supra-humaine dans un premier temps, puis, dans un deuxième temps, de s'identifier intégralement au Principe Universel afin de réaliser la " Délivrance " des limitations intrinsèques au domaine de la Manifestation Universelle.
Points communs de tous ces peuples
Ils ont gardé, malgré toutes les influences extérieures, leur lien avec la source, avec la lumière, avec leur créateur, avec le principe universel;
Ils respectent la vie sous toutes ses formes et savent encore communiquer avec la nature et les peuples invisibles car ils savent que c'est l'expression de la source, de la lumière, du créateur, du principe universel;
Ils transmettent inlassablement à leurs descendants leurs connaissances pour que ce lien ne soit pas coupé;
Ils créent des oeuvres d'art sacré pour perpétuer cette connaissance et élever leur niveau spirituel pour ne pas couper le lien avec leurs origines: ce sont souvent des roues solaires, des croix, des figures géométriques.
En conclusion, si nous recherchons nos origines sans cesse, c'est justement parce que nous avons perdu le chemin qui nous y conduirait. Nous sommes les "petits poucets" de la terre mais sans les cailloux blancs pour retrouver notre chemin dans la forêt.
Voici un témoignage d'Ours Blanc, Indien Hopi
recueilli par Joseph Blumrich.
Le livre dans lequel se trouve ce témoignage s'appelle: Kasskara et les sept mondes.
J'ai fait tout de suite le rapprochement avec le nom de l'île Quiskeya, nom originel de l'île sur laquelle je vis composée de la Républica Dominicana et Haïti.
C'est une supposition: les Indiens rencontrés et exterminés par Christophe Colomb
étaient peut-être les descendants des Hopis!
étaient peut-être les descendants des Hopis!
ATLANTIS CONTRE MU
"Les rescapés de Mu"
Quelques ouvrages sortent parfois de l’ordinaire. Celui que vous allez parcourir fait partie de ceux là.
Il existe peu de documentation traitant du continent de Mu et pratiquement aucune sérieuse relatant la guerre qui opposa ce continent du pacifique aux habitants de l’île d’Atlantis… Les lignes qui vont suivrent risquent de toucher bon nombre d’entre vous. Il s’agit du témoignage d’un Indien Hopi (Ours Blanc) qui relate avec beaucoup de générosité l’histoire de ses ancêtres‚ celle qui s’est transmise de génération en génération et ceci pendant des milliers d’années…
Ours Blanc raconte l’histoire de son peuple‚ les Hopis‚ et les relations qu’il a su garder avec le créateur et ses auxiliaires célestes‚ les différents Kachinas. Il nous dévoile cette guerre absurde qui opposa ses ancêtres qui vivaient sur Mu (Kásskara) au peuple d’Atlantis (Talawaitichqua) et la destruction de ces deux mondes. Le monde d’Atlantis est décrit comme une société en pleine décadence. Ours Blanc relate ainsi le pénible exile de son peuple vers le continent américain il y a 80.000 ans‚ ce qui discrédite pleinement la thèse de l’arrivée des Indiens il y a 10 à 12.000 ans par le détroit de Béring…
Voilà donc un récit remarquable à bien des égards ! Ce document n’a jamais été traduit en anglais et encore moins en français. Il provient d’un livre en allemand édité en 1979 et intitulé "Kásskara und die Sieben Welten" (Kásskara et les Sept Mondes). Nous avons traduit pour vous uniquement la partie qui concerne le témoignage d’Ours Blanc‚ soit un tiers de l’ouvrage. Le reste étant une remarquable analyse du récit d’Ours Blanc rédigée par l’auteur du livre‚ Joseph F. Blumrich. Nous avons ajouté quelques photographies et légendes qui ne font pas partie de l’ouvrage original afin de donner plus de vie à ce dossier.
Joseph F. Blumrich a travaillé à la NASA de 1959 à 1974. Il a notamment participé à la conception de la structure du propulseur de Saturn V qui permit aux astronautes américains d’aller officiellement fouler le sol de la Lune. Il a aussi collaboré à la conception de Skylab.
Je m’étonne que son ouvrage ne soit jamais sorti en dehors du territoire germanique. Malheureusement‚ Joseph F. Blumrich est décédé en 2002. Ce n’est donc pas demain que son travail sera apprécié à sa juste valeur. Cette traduction n’a pour but que de diffuser la vérité au plus grand nombre. Que ceux qui veulent savoir prennent le temps de lire…
Anton Parks, octobre 2005
Pour en savoir plus sur Anton Parks : http://www.karmapolis.be/pipeline/anton_parks.htm# et sur les indiens Hopis : http://www.karmapolis.be/pipeline/hopi.htm
Ce dossier est dédié à Joseph F. Blumrich et à Ours Blanc
Préface de Joseph F. Blumrich
Dans notre histoire‚ il y a eu des hommes qui reconnaissaient clairement combien ils savaient peu de choses. Mais‚ il en a existé d’autres qui croyaient tout savoir.
Aujourd’hui ce sont les équations différentielles‚ les ordinateurs et les statistiques qui l’emportent. Les faits solides expliquent tout et le savoir qui provient de la croyance ne vaut guère plus qu’une bulle de savon !
Il existe des courants qui partant de la beauté d’une bulle de savon arrivent à des conclusions surprenantes. Des changements s’annoncent et jettent leur ombre en avant - ou devrions-nous plutôt dire leur lumière ?
C’est pourquoi‚ parmi nous‚ ceux qui cherchent la vérité écoutent - ou commencent à écouter - peut-être des mots venant de sources qui ne sont pas influencées par notre sorte de logique‚ notre manière de penser ou nos traditions. Ce sont des mots qui sont exprimés par des êtres humains qui proviennent d’un monde lointain qui nous est totalement étranger.
Peut-être aimerions-nous établir des relations‚ former des ponts pour pouvoir comprendre ce dont on parle de l’autre côté ?
D’une manière très humble‚ ce livre aimerait contribuer à former de tels ponts. Le livre "Book of the Hopi" m’a donné la meilleure introduction au monde des Hopis. Il m’a permis de reconnaître les ficelles subtiles qui se trouvent dissimulées sous la surface de nos faits solides.
Quelques circonstances que l’on pourrait appeler coïncidences - je n’y crois pas - ont conduit ma femme et moi chez Ours Blanc et sa femme Naomi. Il s’en suivit un temps long - il semblait long mais ne dura que quelques années - jusqu’à l’instauration d’une confiance mutuelle. Enfin‚ Ours Blanc commença à parler. C’était à moi‚ non seulement de l’écouter‚ mais également à apprendre et à comprendre un monde totalement nouveau pour moi.
Comme il fallait s’y attendre‚ la tentative de former un pont entre deux mondes si différents comme celui des Indiens et le nôtre était accompagnée de difficultés de compréhension. Mais‚ il me semble néanmoins que pour diverses raisons‚ notre relation a été favorisée par la chance. L’histoire familiale d’Ours Blanc‚ ainsi que son rôle lors les préparatifs pour le livre "Book of the Hopi" lui a procuré un regard sur les traditions de son peuple qui est sans doute plus vaste que celui de n’importe quel Hopi aujourd’hui. Sa capacité intuitive artistique lui a permis de dessiner et de peindre des images murales qu’il était impossible de se procurer d’une autre manière. Les trois ans de sa vie passée dans notre société occidentale lui ont souvent facilité à donner des explications sous forme d’exemples. De tels éclaircissements étaient nécessaires afin de rendre sa façon de s’exprimer compréhensible pour des gens extérieurs.
D’un autre côté‚ sa connaissance de notre monde‚ n’a jamais conduit Ours Blanc à s’écarter des traditions de sa tribu. Dans la présentation de faits‚ événements et particularités‚ il a toujours été imperturbable. En ce qui concerne sa tribu‚ ses traditions ou religion‚ il est rempli d’une profonde solennité. Si j’ai jamais rencontré un homme qui aiment et préserve passionnément ses racines et convictions ainsi que celles de sa tribu‚ c’est bien Ours Blanc. Son état d’esprit est l’un des principaux piliers de ma conviction en ce qui concerne son intégrité‚ qui devait bien naturellement être démontrée.
J’ai découvert une différence fondamentale entre la façon de penser d’Ours Blanc et la mienne qui reflète non seulement notre origine oppositionnelle‚ mais jette également un trait de lumière sur les problèmes du présent. C’est la différence - et le conflit - entre le savoir qui provient de la croyance et celui basé sur des preuves tangibles. L’incident suivant en rend compte :
J’avais suivi l’affirmation des Hopis concernant les îles par lesquelles ils seraient venus en Amérique du Sud. Et j’avais effectivement trouvé les confirmations décrites plus bas. Cette découverte m’avait enthousiasmé et lorsque j’ai eu l’occasion d’en parler à Ours Blanc‚ j’ai attendu de sa part une réaction similaire. Au lieu de cela‚ il me regarda avec ses yeux sereins et tranquilles et me dit : “Je te l’avais bien dit que nous étions venus par ce chemin‚ n’est-ce pas ?”
Il faut mentionner que notre travail était strictement dirigé sur des développements historiques et leur signification et il n’existait aucune intention de créer une réplique du livre remarquable "Book of the Hopi".
Le texte transcrit dans la première partie est exclusivement le récit d’Ours Blanc. Il provient de bandes enregistrées qu’il a réalisées lui-même dans ce but‚ ainsi que de nos conversations enregistrées qui étaient nécessaires et servaient à éclaircir‚ compléter et arrondir de l’image. Toutefois‚ comme déjà indiqué‚ j’ai collaboré avec lui pour chercher des formulations et exemples en vue d’une meilleure compréhension‚ c’était ma tâche en temps qu’intermédiaire. En dehors de cela‚ ma participation à cette partie a contribuée à fixer le contenu dans une forme facilement lisible. Les propres mots d’Ours Blanc et ses manières de s’exprimer sont restés intactes autant que possible. En outre‚ la disposition des chapitres et sous-paragraphes ont été réalisés par moi-même. Afin de pouvoir plus facilement retrouver les différentes phases et thèmes.
Ma contribution à l’écriture de la première partie était guidé dans l’intention inconditionnelle de retranscrire le contenu et la forme des révélations d’Ours Blanc sans modifications et autant que possible avec ses propres mots.
Joseph F. BLUMRICH
(1913-2002)
Kásskara et les sept mondes
L’histoire de l’humanité selon la tradition des Indiens Hopis
Ecrit au printemps 1979
Edition actualisée‚ Munich‚ 1985
Traduction Hans W. Lintz - Copyright 2005
Révision et mise en forme : Hakomi
INTRODUCTION
LES TEMPS ANCIENS
LE TROISIEME MONDE
Kásskara
Atlantis
LA DESTRUCTION DU TROISIEME MONDE
Les Kachinas
La migration dans le quatrième monde
Le destin des Atlantes
TOOWAKACHI‚ le quatrième monde
Táotoóma‚ la terre
La ville Táotoóma
Nouvelles migrations
Les migrations du clan de l’ours
Les anciens qui venaient du ciel
Palátquapi
La Grande Ecole du savoir
Malheur et déchéance
Háhäwooti
Le combat entre le clan du serpent et le clan de l’arc
L’éclatement
Casas Grande
Oraibi
Húck’ovi
Arrivée des Espagnols à Oraibi
LES LEGENDES
Yucca-Boy
L’ENERGIE
LES SYMBOLES
LE MOT DE LA FIN
INTRODUCTION
Ours Blanc
Ceci est l’histoire de mes ancêtres et des clans qui sont venus sur ce continent. Le continent sur lequel mon peuple vécut longtemps a sombré dans la mer et les gens durent le quitter. Ils durent aller sur un nouveau continent qui sortait de la mer à l’est‚ afin d’avoir un nouveau monde pour eux et faire un nouveau commencement. Tout ceci fut provoqué par leur attitude dans certaines situations. Je te raconterai pourquoi c’est arrivé‚ comment ils sont parvenus sur le nouveau continent que nous appelons le quatrième monde‚ Tóowakachi‚ et ce qui leur est arrivé après.
Mais d’abord‚ je voudrais dire que je suis très reconnaissant à tous ces gens qui m’ont donné le savoir et la compréhension. Beaucoup m’a été raconté quand j’était encore enfant et j’ai appris certaines choses quand j’étais un jeune homme et d’autres quand j’ai été moi-même plus vieux. Mais‚ pendant toutes ces années‚ les grandes cérémonies furent célébrées. C’est grâce à elles que mon peuple tient éveillés les souvenirs de notre histoire.
Comme tu le sais‚ les Hopis‚ dans leurs familles‚ suivent la lignée de la mère. C’est pourquoi j’appartiens au clan de ma mère‚ le clan des coyotes‚ et je dois à ma mère et à ma grand-mère une grande partie de mon savoir‚ ainsi qu’à mon oncle du même clan. Ils m’ont donné un bon enseignement.
Du clan de l’ours‚ d’où est originaire mon père‚ sont sortis les guides et chefs d’Oraibi durant des centaines et des centaines d’années. Ce que j’ai appris‚ par mon père et mon oncle‚ le chef Tawaquaptiwa‚ provient donc de la connaissance du clan de l’ours et des autres clans qui se sont fixés ici.
Il y a encore beaucoup d’autres gens qui m’ont transmis une partie de leur sagesse et de leur savoir et je leur en suis très reconnaissant. Ils font tous partie des clans qui vivent maintenant ici. Ces clans ont conservé leurs souvenirs à travers les peines et les difficultés endurées et causées par leurs migrations qu’ils ont considérées comme faisant partie de leurs devoirs‚ dans le but d’arriver à Oraibi pour aider à la construction de ce lieu en réalisant ainsi les plans du créateur.
Maintenant‚ il est temps de parler de notre peuple‚ pour vous dire qui nous sommes et pourquoi nous sommes ici dans l’espoir que quelqu’un‚ un jour‚ nous comprendra. Même si c’est moi qui parle ici‚ il s’agit du savoir des Hopis que vous allez connaître. De la longue‚ longue histoire des Hopis ressort un avertissement pour vous. Vous allez comprendre plus tard ce que je veux dire quand je raconterai mon histoire. C’est la raison pour laquelle je parle maintenant. Cela nous concerne tous. Peut-être cet avertissement ne viendra pas trop tard.
En racontant notre histoire‚ il faut que tu saches que le temps n’avait pas la même importance. Aujourd’hui‚ le temps semble important‚ le temps rend tout compliqué‚ le temps devient un obstacle. Mais‚ dans l’histoire de mon peuple‚ le temps n’était pas vraiment important‚ ni pour le créateur lui-même. Ce qui compte vraiment est la beauté que nous mettons dans notre vie‚ la manière dont nous accomplissons nos devoirs et notre responsabilité envers le créateur. Les choses matérielles de ce monde sont de peu d’importance pour les Hopis‚ comme tu t’en apercevras quand tu seras chez moi et que tu verras comment nous vivons notre histoire.
Quand tu seras parmi mon peuple‚ dans nos villages‚ tu commenceras à comprendre que ces vieilles femmes et ces vieux hommes‚ qui font l’histoire actuelle‚ n’oublieront jamais l’ancienne histoire qui est écrite dans leur cœur. Et comme l’histoire m’a été révélée‚ je vais essayer maintenant de la transmettre aussi fidèlement que possible.
LES TEMPS ANCIENS
D’après nos traditions‚ nous avons vécu dans deux autres mondes avant de venir dans le troisième monde - puis‚ dans le quatrième‚ dans lequel nous sommes maintenant.
Dans le premier monde‚ la divinité Táiowa créa l’homme. Táiowa a créé toutes les choses dans cet univers. Il n’y a rien qu’il n’ait réalisé. L’endroit où il se trouve est appelé “ la hauteur ”‚ beaucoup de gens l’appellent “ ciel ”. Personne ne sait où cela se trouve‚ mais à partir de là‚ il dirige l’univers. Il a donné un cerveau à l’homme‚ il lui a donné le savoir‚ il lui a donné tout ce dont l’homme a besoin dans sa vie. Et il lui a donné la loi et les devoirs auxquels il doit obéir dans cet univers.
Le premier monde fut détruit par le feu‚ parce que les hommes sont devenus méchants. Mais notre peuple‚ ceux qui dans des temps plus récents sont devenus les Hopis‚ survécut à la destruction‚ parce que notre peuple fut choisi pour conserver la connaissance de ces faits à travers les temps‚ jusque dans le présent‚ et de la transmettre dans le futur.
Le deuxième monde fut détruit par la glace. Encore une fois‚ notre peuple survécut et arriva dans le troisième monde‚ le troisième continent. Tous ces événements et les événements ultérieurs sont encore vivants dans nos coutumes religieuses.
LE TROISIEME MONDE
Kásskara
Mu (la Lémurie) selon Cortezz & morgana
Le nom du troisième monde était Kásskara. Peu de gens‚ aujourd’hui‚ connaissent la signification de ce très vieux mot. Je l’ai apprise par Otto Péntewa qui s’en est souvenu‚ cela signifie “ mère terre ”. Nous l’appelons aussi “ le pays du soleil ” parce que nous aimons bien faire référence au soleil et à la terre qui nous gardent en vie.
Kásskara était un continent. Peut-être était-ce le même qui est appelé aujourd’hui Mu ou Lémurie. La plus grande partie du continent se situait au sud de l’Equateur‚ seulement une petite partie se trouvait au nord. C’était un pays très beau. Comparé à aujourd’hui‚ c’était presque un paradis. Nous devions travailler mais nous n’avions pas besoin de travailler dur. Depuis nos débuts dans le premier monde‚ nous avions suivi le plan de notre créateur et avions cultivé notre nourriture nous-mêmes. Dans ces temps‚ nous avions choisi le maïs comme nourriture principale‚ nous l’avons amené dans le deuxième monde et nous avons continué à en vivre dans le troisième monde. Quand tu vois notre maïs‚ pense au fait que les Hopis l’ont depuis des temps très très anciens‚ déjà depuis le premier monde.
La connaissance que nous cherchions et qui nous fut donnée concernait les plantes et les animaux. Nous voulions savoir pourquoi les feuilles étaient vertes et les fleurs multicolores. Nous pouvions communiquer avec les plantes et les animaux. Nous avions ce que vous appelez des connaissances scientifiques‚ mais nous ne les utilisions pas pour la fabrication d’objets dont on a besoin pour soumettre d’autres gens.
Les gens avaient de l’estime les uns pour les autres. Les clans avaient leurs propres chefs‚ mais ils avaient tous un grand chef spirituel. Dans la vie des Hopis‚ il y a toujours eu un clan qui a la suprématie pour un certain temps afin de veiller à ce que nous remplissions bien nos obligations et responsabilités‚ ainsi que notre bonne conduite dans la vie. Quand nous avons hérité de ce monde-là‚ c’était le clan de l’arc qui avait le pouvoir. Pour cette raison‚ le chef de tribu du clan de l’arc était le souverain de Kásskara.
Au début‚ tout allait bien à Kásskara. Beaucoup plus tard‚ les hommes commencèrent‚ petit à petit‚ à perdre l’estime les uns pour les autres ; d’abord quelques-uns‚ puis de plus en plus. Comme tu le vois‚ nous sommes exactement comme les autres hommes. Je peux comparer cela avec ce qui se passe aujourd’hui dans les organisations : les gens veulent avoir un certain rang‚ du pouvoir‚ ils veulent leur part. La même chose est arrivée à Kásskara. Ce fut surtout le cas pour le clan de l’arc‚ mais les chefs de haut rang de ce clan restèrent bons.
Avant de continuer l’histoire de Kásskara‚ je dois te dire que‚ naturellement‚ nous n’étions pas les seuls sur la terre. Dans d’autres pays‚ il y avait aussi des gens.
Atlantis
A l’est de chez nous se trouvait un continent que nous avons appelé Talawaitichqua‚ “ le pays de l’est ”. Dans la langue hopie‚ tichqua veut dire “ terre ”‚ la surface d’un continent‚ et la première partie du mot signifie “ matin ”‚ ou “ lever du soleil ”.
Entre ce continent et nous‚ il y avait une grande surface d’eau. Aujourd’hui‚ on appelle ce continent Atlantis et je continuerai à l’appeler ainsi car‚ pour toi‚ c’est un mot plus familier.
Au début du troisième monde‚ les gens d’Atlantis étaient aussi paisibles que nous. Nous avons‚ bien sûr‚ la même origine divine. Ils avaient les mêmes symboles que nous. Mais‚ avec le temps‚ ils changèrent. Ils commencèrent à explorer les secrets du créateur que l’homme ne doit pas connaître. Tu sais‚ il existe des secrets qui ne sont destinés qu’à la déité et‚ quand les hommes commencèrent à les étudier‚ ils enfreignirent cette loi. L’homme‚ en fait‚ a le même pouvoir que le créateur‚ mais le créateur garde des secrets que les hommes ne doivent pas chercher à comprendre. Cette affaire concernant les secrets est très très sérieuse. Parlons de notre temps à nous pour que tu comprennes ce que je veux dire et pour te permettre d’avoir une idée sur ce que les Hopis croient.
Vous avez développé beaucoup de choses‚ par exemple des avions. Quand mon oncle m’a amené à Oraibi voir la lithographie d’un avion à réaction‚ qui est naturellement beaucoup plus ancien que vos avions à réaction d’aujourd’hui‚ il m’a dit : “ Ce sera très très bien de voler à nouveau à travers les airs‚ comme l’a fait notre peuple avant. Quand il y a quelque part‚ dans le monde‚ très loin‚ une catastrophe‚ on peut apporter du secours (nourriture‚ médicaments‚ outils). Mais on va également apporter la mort aux hommes à des centaines de miles de distance. Et c’est en cela que l’on désobéira à la loi divine. ”
Comment pouvez-vous séparer ces deux choses si vous faites des recherches sur des secrets dont les hommes ne savent pas encore faire une bonne utilisation ? Pense à toi : supposons que tu aies fait une découverte scientifique dans le domaine des fusées et que quelqu’un fasse un mauvais usage de ta découverte. Toi‚ tu ne le ferais pas‚ mais c’est ta découverte. Sais-tu vraiment où commence et se termine ta responsabilité ?
Et maintenant‚ ils essaient de produire la vie artificiellement - et un jour également l’homme. Cela fait partie de ce que nous appelons des recherches sur le sang. Et il n’est pas bien de faire cela !
Naturellement‚ vous pouvez faire des recherches sur le fonctionnement de votre corps afin de savoir ce qui guérit et ce qui vous donne une longue vie. Le créateur veut que nous le fassions. Il veut que nous profitions de la vie et que nous ayons aussi peu de travail pénible que possible et que tout ce qui est bon‚ toute la joie‚ tout le bonheur de ce monde nous échoient. Mais ces autres choses‚ vous ne devez pas les faire‚ non !
Nous pouvons résumer tout cela en deux phrases. Le créateur divin nous a dit : “ Si vous voulez être mes enfants‚ vous ne devez pas utiliser votre savoir pour soumettre‚ détruire‚ tuer ou faire une mauvaise utilisation de ce que je vous ai donné. Si vous ne respectez pas cette loi‚ vous n’êtes pas mes enfants. ”
Vers la fin du troisième monde‚ il y avait une femme comme guide suprême d’Atlantis. Dans notre langue‚ nous pouvons l’appeler une Kickmongwuity‚ une prêtresse suprême ; à vos yeux‚ elle aurait été tout simplement une reine. Elle était très puissante et très belle. Elle a utilisé sa puissance et la beauté de son corps pour soumettre les chefs de son peuple. Elle reçut d’eux tellement de bijoux que nous l’avons appelée “ la femme turquoise ”. Parmi ces personnalités‚ se trouvaient des savants que l’on pourrait appeler des “ leaders douteux ”. Un homme savant n’est pas systématiquement un homme bon. Elle avait beaucoup de succès auprès de ces hommes et c’est ainsi qu’elle est devenue souveraine de tout le continent. Atlantis étendit son influence et soumit des peuples dans les pays qui se trouvaient plus loin à l’est‚ que nous appelons aujourd’hui Europe et Afrique. Bien qu’Atlantis fut un petit pays‚ il avait une très grande influence. Tu peux le comparer à l’Angleterre. C’est également un petit pays‚ mais quelle influence il avait !
Les Atlantes avaient également fait des recherches sur les secrets du créateur‚ qu’ils n’auraient pas dû connaître. Comme je te l’ai dit‚ ils en ont pris connaissance trop tôt. Spirituellement‚ ils n’étaient pas encore prêts‚ ils ont utilisé leur savoir pour soumettre d’autres peuples. Et en cela‚ ils ont enfreint l’ordre divin. Certains y ont même perdu leur vie. Ils ont également étudié d’autres planètes et ils s’y sont même rendus‚ mais comme c’étaient des planètes mortes‚ ils ne pouvaient y vivre. Ils devaient donc rester sur notre vieille terre. C’est alors qu’ils se sont retournés contre Kásskara. Ils savaient que‚ moralement et spirituellement‚ nous étions beaucoup plus forts‚ cela les a rendus envieux. C’est pourquoi la reine voulut également conquérir notre pays et soumettre notre peuple. Elle a menacé notre souverain de réunir tous ses vaisseaux spatiaux au-dessus de notre continent et de nous détruire de là-haut. Mais il refusa de céder. Il y eut un long temps de pourparlers que l’on peut aussi appeler conférences. Tous les grands hommes de cette époque tinrent des réunions.
Mu (la Lémurie) selon Loren adams ("Moonlight Over Lemuria")
Comme je te l’ai déjà dit‚ il y avait parmi nous des gens qui étaient devenus avides de rang et de pouvoir. Leur croyance religieuse devenait plus faible et les gens n’avaient plus beaucoup d’estime les uns pour les autres. Nous étions dans une situation que l’on peut très bien comparer à la situation actuelle.
Avec le temps‚ l’influence de cette femme conduisit à une scission de notre peuple. Elle commença à en amener de son côté. Il s’agissait d’hommes avides de pouvoir dont je t’ai parlé. Ils se détournèrent de nos lois et se dirent à eux-mêmes : “ Si nous sommes du côté des Atlantes et acceptons leurs exigences‚ nous aurons peut-être plus tard une bonne part du pouvoir. ”
Les méchants prirent le dessus. Ils avaient étudié de nombreux secrets du créateur que l’humanité ne doit pas connaître‚ mais nous‚ nous n’y avons pas pris part. Nous voulions être et rester le peuple pacifique qui était reconnu‚ à cette époque‚ comme tel. Je crois qu’en réalité ce fut le créateur qui utilisa son pouvoir pour nous détourner de ces choses.
Les chefs se réunirent de nombreuses fois. Mais le groupe de ceux qui avaient des connaissances scientifiques fut beaucoup plus fort et ils vinrent pour attaquer mon peuple avec le matériel de leurs pouvoirs et de leur invention.
Tout ce que je te raconte‚ ainsi que les événements ultérieurs‚ je les ai appris par ma grand-mère. Mais j’ai aussi discuté avec un homme qui est le dernier à connaître l’histoire du clan de l’arc. Je l’ai fait parce que‚ dans notre histoire‚ on dit que ceux du clan de l’arc avaient fait les pires choses. Il confirma ce qui s’était passé et dit : “ Oui‚ nous l’avons fait. ”
De très haut dans les airs‚ ils dirigèrent leur force magnétique sur nos villes. Mais ceux de notre peuple qui n’avaient pas quitté le chemin véritable de notre créateur furent rassemblés dans une certaine région afin d’être sauvés.
Hier‚ lors d’une réunion dans une kiva de Shongopovi‚ nous avons eu une longue discussion sur notre situation actuelle. Nous voyons en ce moment survenir les mêmes choses que celles qui se sont passées juste avant la destruction du troisième monde. La raison de nos soucis est que nous savons ce qui arrivera. Dans cette réunion‚ il fut clair que le problème crucial des Hopis est le problème de la terre et ce fut un problème semblable qui amenât les spationautes vers nous. Nous savons que nous avons atteint le point de non retour.
Nous avons également évoqué Kásskara‚ la reine d’Atlantis et comment fut détruit le troisième monde. J’ai pensé à ma grand-mère qui m’a dit qu’il arriverait la même chose que ce qui est survenu il y a très longtemps.
LA DESTRUCTION DU TROISIEME MONDE
Notre peuple avait des connaissances comparables à celles d’Atlantis‚ mais il les a utilisées uniquement à des fins utiles et bonnes. Comme je te l’ai déjà dit‚ nous avons étudié les secrets de la nature‚ la puissance du créateur dans les choses vivantes.
Mon peuple ne se défendit pas quand il fut attaqué. Et il eut raison !
Si cela te semble étrange‚ regarde ce que les Hopis font aujourd’hui. Le gouvernement des Etats-Unis nous a donné une réserve. Te rends-tu compte ? Et puis ils sont venus pour en couper des morceaux. Notre pays‚ ils l’ont réduit de plus en plus. Mais nous ne nous sommes pas défendus par la force. Chaque fois que le gouvernement fait cela‚ nous disons : “ ce n’est pas juste ”‚ comme nous l’a demandé le créateur. Nous savons que nous ne serons pas détruits‚ ce sont eux qui le seront les premiers.
Mais même si nous ne nous sommes pas défendus activement‚ nous avions quand même notre bouclier de protection. Je ne sais pas t’expliquer scientifiquement ce qu’était ce bouclier et comment il fonctionnait. Mais ma grand-mère me l’a expliqué de la façon suivante : s’il y a de la foudre‚ celle-ci peut atteindre le bouclier mais là elle explose. Elle ne traverse pas le bouclier. Je me rappelle bien comment ma grand-mère m’a montré la façon dont le bouclier agit. Un jour‚ j’étais encore enfant‚ elle prit une cuvette‚ la retourna et dit : “ maintenant‚ tu es sous la cuvette‚ si quelque chose tombe dessus‚ cela ne te fera pas mal. ” Peut-être devrais-je te dire ici que toutes les histoires qu’elle me racontait‚ il me fallait toutes les répéter. Quand je me trompais‚ elle m’interrompait et je devais recommencer. C’est pourquoi je connais par cœur tout ce que ma grand-mère m’a raconté.
C’est ainsi que toutes les bombes‚ ou quoi que cela ait pu être‚ ont explosé loin au-dessus et le bouclier protégea tous les gens qui devaient être sauvés et qui avaient été rassemblés dans une certaine région. Nous seuls avons été sauvés. Des villes furent attaquées et beaucoup de gens périrent.
Et puis - comme disait ma grand-mère - quelqu’un a appuyé sur le mauvais bouton et les deux continents ont sombré. Ce ne fut pas le déluge universel. La terre entière ne fut pas détruite et tous les hommes ne furent pas tués. Atlantis s’enfonça très vite dans l’océan‚ mais notre troisième monde‚ Kásskara‚ s’enfonça très lentement.
Le déluge selon Loren Adams ("The Augmented Sea")
Laisse-moi t’expliquer pourquoi cela s’est passé ainsi : Supposons que je veux tuer quelqu’un et que j’ai un complice. Nous sommes d’accord pour le faire. Même si c’est moi qui tue‚ lui‚ le complice‚ le fait en pensée. Mais il n’est pas autant coupable que moi. Il aura une nouvelle chance par la réincarnation‚ mais pas moi. C’est la raison de la destruction rapide d’Atlantis : ce sont eux qui ont attaqué. Nous‚ ou quelques-uns des nôtres‚ étions seulement des collaborateurs lors de l’attaque de Kásskara par Atlantis.
C’est pourquoi la faute de notre côté fut mineure et notre groupe eut une nouvelle chance. Si nous avions été aussi fautifs que les Atlantes‚ nous aurions été détruits aussi rapidement.
La puissance qui se trouve hors de toute capacité humaine ne voulut pas permettre que le peuple de la paix soit anéanti complètement. Ces gens étaient des réincarnations d’hommes qui avaient vécu dans le deuxième monde‚ Topka‚ et qui avaient suivi les lois du créateur. C’était sa volonté de donner à ceux qui devaient être sauvés les moyens d’y parvenir.
Je sais que beaucoup de gens auront une opinion différente‚ mais nous sommes le peuple élu. Nous avons été sauvés et nous sommes venus ici parce que‚ depuis le premier monde‚ nous avons toujours obéi à la loi !
Nous allons voir maintenant ce qui se passa ensuite et quel rôle jouèrent les Kachinas qui nous ont amenés sur ce continent‚ dans le quatrième monde.
Mais d’abord‚ je dois te parler des Kachinas eux-mêmes.
Les Kachinas
Dans le troisième monde‚ et déjà depuis le premier monde‚ nous étions en relation avec les Kachinas. Kachine signifie “ initié estimé de haut rang ”. Dans les premiers temps‚ ils s’appelaient Kyápchina‚ mais comme notre langage a évolué avec le temps‚ nous disons maintenant Kachinas. En fait‚ Kyápchina désigne une seule personne. Quand on veut parler de plusieurs Kachinas‚ on dit Kyákyapichina‚ c’est le pluriel. Le mot Chinakane signifie “ pousse ”‚ la pousse d’une plante‚ mais ici il désigne la croissance spirituelle que les Kachinas nous donnent.
Représentation d’un Kachina
Les Kachinas peuvent être visibles‚ mais parfois ils sont également invisibles. Ils viennent de l’espace. Ils ne viennent pas de notre système solaire‚ mais de planètes très éloignées. Il faudrait à nos astronautes plusieurs générations pour y parvenir. Le nom Hopi pour ces planètes est Tóónátakha‚ cela signifie qu’elles sont proches les unes des autres‚ pas dans le sens matériel mais dans le sens spirituel‚ parce que tous leurs habitants ont la même responsabilité‚ ils travaillent tous étroitement ensemble. C’est pourquoi nous pouvons traduire le mot par “ Confédération des planètes ”. Comme nous savons qu’il s’agit de douze planètes‚ nous pourrions dire également “ Confédération des douze planètes ”.
Les Kachinas peuvent se déplacer très rapidement et‚ pendant que je prononce cette phrase‚ ils peuvent parcourir de longues distances. Ils n’ont besoin que de quelques secondes ; leurs vaisseaux volent grâce à une force magnétique‚ même quand ils font le tour de la terre.
Les rangs des Kachinas dépendent de leurs capacités. Ils s’appellent tous Kachinas‚ mais certains sont appelés également “ Wu’yas ”. Dans votre langue‚ “ Wu’ya ” signifie “ divinité ”‚ mais cela n’est pas tout à fait exact car Wu’ya désigne quelqu’un qui possède une grande sagesse‚ un homme ou une femme vieux et sages. Si tu voulais comparer les Kachinas et les Wu’yas avec vos personnages chrétiens‚ vous diriez “ anges ” pour les Kachinas et “ archanges ” pour les Wu’yas. Ce sont tous des anges‚ mais les plus élevés de rang vous les appelleriez archanges. Les divinités se situent au-dessus des Kachinas et au-dessus de tous se trouve le créateur. Seuls les Kachinas sont en relation avec les êtres humains‚ pas les divinités. Ce sont elles qui donnent les instructions aux Kachinas.
Pour les enfants‚ on les appelle tous des Kachinas. On fait cela pour familiariser l’enfant avec les “ initiés ”. Il serait trop difficile de leur expliquer la différence. C’est ici que les poupées Kachinas jouent un rôle‚ car elles habituent l’enfant à l’apparence physique pour que l’enfant n’ait pas peur en voyant les danseurs.
Même les étrangers qui viennent acheter ces poupées les appellent des Kachinas car‚ n’y connaissant rien‚ ils ne font pas la différence. Nous faisons de même avec les montagnes de San Francisco. On peut les voir‚ elles sont hautes et un enfant comprend lorsqu’on lui dit que c’est là que se rendent les Kachinas quand ils nous quittent. Pense à ce que vous dites à vos enfants au sujet du Père Noël et de l’enfant Jésus.
Mais quand l’enfant est accueilli parmi les adultes‚ on lui explique la différence. Pour les adultes‚ les Kachinas viennent d’une planète très éloignée‚ et quand ils nous quittent ils y retournent. Les hommes qui exécutent les danses représentent des êtres savants de différents rangs qui sont venus chez nous il y a longtemps.
Il y a trois sortes de Kachinas. Les premiers s’occupent de la continuité de la vie (survivance). Dans nos danses‚ ils apparaissent au milieu de l’hiver quand‚ dans la nature‚ toute vie dort. Ils nous offrent la certitude que la vie reviendra et continuera. Et comme la réincarnation fait partie de la continuité de la vie‚ cela signifie que nous naîtrons à nouveau et que nous aurons la possibilité de nous améliorer.
Le deuxième groupe est constitué par les enseignants. Nous apprenons d’eux qui nous sommes et où nous sommes‚ quelles sont les influences que nous pouvons subir et ce que nous devons faire.
Le troisième groupe représente les gardiens de la loi. On peut aussi les appeler “ ceux qui nous avertissent‚ nous mettent en garde ”‚ car ils nous parlent pendant longtemps‚ mais un jour viendra où il ne nous avertiront plus‚ mais au contraire ils nous puniront pour tout le mal que nous aurons fait.
Des enfants sont nés à la suite d’une relation mystique entre nos femmes et les Kachinas. Je te raconterai plus tard des légendes qui relatent ce fait. Nos gens pouvaient toucher les Kachinas‚ il y avait donc une proximité physique entre les Kachinas et les êtres humains. Mais‚ même si cela semble étrange‚ il n’y a jamais eu de rapports sexuels. Les enfants ont été conçus de façon mystique. De tels enfants‚ quand ils grandissaient‚ avaient une grande connaissance et une grande sagesse‚ et même parfois des pouvoirs surnaturels qu’ils avaient reçus par leur père spirituel. C’étaient toujours des hommes magnifiques‚ puissants‚ qui étaient toujours prêts à aider et jamais à détruire.
Les Kachinas sont des êtres corporels‚ c’est pourquoi ils ont besoin de vaisseaux pour les voyages dans nos airs et pour retourner sur leurs planètes. Les vaisseaux spatiaux ont différentes tailles et noms. L’un d’eux est Patoowa‚ “ l’objet qui peut voler au-dessus de l’eau ”. Pahu veut dire eau dans notre langue‚ et Toowata est un objet avec une surface courbe. En raison de cette forme‚ nous l’appelons aussi “ bouclier volant ”.
Je vais te raconter à quoi il ressemble. Si on coupe une calebasse en deux‚ on obtient une forme qui a l’aspect d’une coupe ou soucoupe ; si on assemble deux de ces parties‚ on obtient la forme du vaisseau que l’on utilisa jadis pour se rendre sur ces planètes. Quand on est assis à l’intérieur‚ on peut se déplacer dans toutes les directions et on ne tombe pas‚ quelle que soit la vitesse. Comme il a cette forme‚ nous l’appelons Inioma.
Chez les Hopis‚ on sait que quelques-uns des nôtres ont volé dans ces vaisseaux et que ces vaisseaux ont également été utilisés dans d’autres pays‚ car les Atlantes sont venus chez nous dans ces vaisseaux.
Près d’Oraibi se trouve un dessin rupestre représentant une femme dans un bouclier volant. La flèche est un signe de grande vitesse. La femme porte les cheveux d’une femme mariée.
Dessin rupestre représentant une femme
dans un bouclier volant‚ près d’Oraibi
Les deux moitiés sont tenues ensemble par une “ bride ”. Celui qui conduit le vaisseau doit actionner cette “ bride ”. Quand il la tourne à droite‚ le vaisseau monte‚ quand il la tourne à gauche‚ il descend. Le vaisseau n’a pas de moteur comme les avions et n’a pas besoin de carburant. Il vole dans un champ magnétique. On doit seulement connaître la bonne hauteur. Si l’on veut se diriger vers l’est‚ on choisit une certaine hauteur‚ si l’on veut aller vers le nord‚ on choisit une autre hauteur‚ etc. Il suffit de monter à la hauteur correspondant à la direction choisie et le vaisseau vole dans le courant désiré. De cette manière‚ on peut atteindre n’importe quel endroit à l’intérieur de notre atmosphère‚ mais on peut également quitter la terre.
C’est très simple !
La migration dans le quatrième monde
Maintenant‚ nous allons continuer à parler des événements historiques.
Longtemps avant que notre continent et Atlantis soient engloutis‚ les Kachinas remarquèrent qu’il y avait‚ à l’est de chez nous‚ un continent qui sortait de l’eau. D’ailleurs‚ selon nos traditions‚ le monde a changé plusieurs fois. Ce qui était en train de sortir de l’eau était‚ en fait‚ le même pays que celui dans lequel nous avions vécu dans notre deuxième monde‚ Topka. Mais maintenant‚ nous l’appelons le quatrième monde‚ car son apparence est différente.
On dit aussi que la terre a basculé plusieurs fois‚ je veux dire que le pôle nord était à l’endroit où le pôle sud se trouve actuellement et vice versa. Aujourd’hui‚ les pôles sont inversés et le véritable pôle nord se trouve au sud et le véritable pôle sud au nord. Mais‚ dans le cinquième monde‚ cela changera à nouveau‚ et les pôles seront à leur vraie place. A chaque fois‚ la terre a basculé complètement du nord au sud et pas seulement de la moitié‚ sinon il y aurait eut beaucoup trop de dommages et ce n’était pas l’intention du créateur. Durant Topka‚ le deuxième monde‚ la terre a basculé seulement de moitié et tout a gelé.
Les Kachinas ont donc fait des recherches et observé cette nouvelle terre et‚ quand elle fut au-dessus de l’eau‚ ils commencèrent leurs préparatifs. La grande migration pouvait commencer.
Cette nouvelle terre devait devenir notre nouvelle patrie‚ que nous appelons Toowakachi‚ le quatrième monde. Nous avons aussi un autre nom‚ Sistaloakha‚ un mot pour désigner tout ce qui est créé rapidement et qui apparaît dans une forme parfaite.
Le créateur avait donc décidé de nous sauver‚ et les Kachinas nous aidèrent pour atteindre ce nouveau continent. Notre peuple arriva du troisième au quatrième monde de trois façons différentes. Les premiers arrivèrent dans des boucliers volants (c’est ainsi que nous les appelons chez nous). Ils étaient destinés aux gens importants‚ de haut rang. Ils étaient prioritaires parce qu’ils devaient fonder la nouvelle colonie et s’occuper de tous les préparatifs. Comme ils sont arrivés les premiers‚ tous les considéraient comme des gens estimés. Les Kachinas‚ en tant que spationautes‚ savaient où se trouvait la nouvelle terre et ils les y ont amenés. Les Kachinas pouvaient le faire car ils possédaient des boucliers volants ; notre peuple non‚ nous ne savions pas les construire. Mais tu te rappelles que les gens d’Atlantis avaient également des boucliers volants. Ils ne les avaient pas reçus des Kachinas qui les avaient quittés‚ mais ils les avaient construits eux-mêmes avec leur force malveillante ; mais ça‚ je te l’ai déjà raconté.
Longtemps avant que le continent du troisième monde‚ Kásskara‚ soit englouti‚ les premiers clans arrivèrent ici. Parmi les clans qui sont arrivés par les boucliers volants‚ se trouvaient le clan du feu‚ le clan du serpent‚ le clan de l’araignée‚ le clan de l’arc‚ le clan du lézard‚ le clan de l’aigle et le clan de l’eau. En fait‚ il y avait encore plus de clans‚ mais je t’indique ici les principaux. Sur la liste complète‚ le clan de l’arc est indiqué bien plus bas‚ contrairement à ce qui apparaît ici‚ car ce clan a mal agi dans le troisième monde. Mais les gens du clan de l’arc étaient encore importants. Même si beaucoup avaient participé à la destruction du troisième monde‚ ils n’avaient pas tous quitté le chemin du créateur. C’est pourquoi ils ont été sauvés.
Il y avait aussi une sorte de gens (le deuxième groupe) qu’il fallut transporter ici et on l’a fait à l’aide de grands oiseaux. La fête du mois de mars‚ Powamu‚ nous rappelle ces événements. J’ai participé moi-même à cette cérémonie‚ à Oraibi‚ quand je fus enfin admis dans la société Powamu. Avant la cérémonie‚ le chef de tribu chanta un chant qui évoquait le troisième monde que nous avions quitté et qui parlait de la méchante reine qui avait conquis la plus grande partie du monde et dont l’influence fut si néfaste.
C’est donc avec des oiseaux que sont venus des gens qui se trouvaient dans une phase intermédiaire vers les marches plus élevées d’une connaissance spirituelle.
Pendant ce temps‚ les gens avaient très peur‚ car le vieux continent s’enfonçait de plus en plus. Ils avaient peur et pourtant ils savaient qu’ils devaient être sauvés. Une ville après l’autre fut détruite. L’eau n’arrêtait pas de monter et couvrait une grande partie du continent.
Dans le troisième groupe se trouvaient ceux qui étaient encore au début de leur quête vers une force spirituelle. Mon clan‚ le clan des coyotes‚ en faisait partie. Je le sais de ma mère qui faisait partie de ce clan‚ ainsi que ses parents à elle. Ils avaient une connaissance précise de ces événements car ils les gardaient en mémoire afin de transmettre ce savoir comme héritage à ce continent‚ le quatrième monde.
Les différentes directions que prirent les rescapés du continent de Kásskara (Mu)
et de l’île de Talawaitichqua (Atlantis)
lors de la grande destruction il y 80.000 ans
Ces gens devaient donc venir par le troisième moyen‚ c’est-à-dire par bateaux. Ils durent lutter durement pendant longtemps. Alors que beaucoup de monde put venir par les airs‚ on dit aujourd’hui que tout le monde dut lutter pour pouvoir venir sur ce continent. On agit de cette façon pour ne pas oublier ces événements‚ car tout ce que l’on a du mal à obtenir‚ on l’estime davantage et on le garde en mémoire.
Ces gens qui étaient transportés par bateaux faisaient partie des clans inférieurs qui possédaient peu de pouvoir. C’est pour cette raison qu’ils avaient subi l’influence du clan de l’arc‚ avec son plan destructeur. Ils y participèrent mais ne firent rien de leur propre gré‚ c’est pourquoi on leur offrit d’échapper à la destruction. Dans le cas contraire‚ ils auraient été détruits comme les autres.
Pendant tout le temps où ce groupe fut en route sur les bateaux‚ ils reçurent la protection des Kachinas. Chaque clan avait un Kachina dont la tâche était de l’accompagner et de l’amener sur le continent. C’est ainsi que ce groupe fut conduit‚ en sécurité‚ sur ce continent. Les Kachinas savaient se faire comprendre mais les êtres humains n’avaient pas le privilège de pouvoir parler avec eux. Les Kachinas leur donnaient des conseils et leur indiquaient dans quelle direction ils devaient se diriger vers des îles où ils pouvaient se reposer.
Et enfin‚ ils arrivèrent dans le quatrième monde !
Il existe une cérémonie qui rappelle ce voyage en bateaux et qui est célébrée par le clan de la flûte. Ainsi‚ nous nous rappelons chaque détail et chaque étape de ce voyage. Ce même événement nous est rappelé également par les sept statues de l’île de Pâques. Il y a sept statues pour figurer les sept mondes que nous devons traverser. L’île de Pâques est la seule île sur notre chemin qui n’a pas sombré complètement dans l’océan après notre passage.
Par ces trois moyens‚ les gens furent emmenés sur le continent sud-américain afin de s’y établir. A ce moment-là‚ la partie la plus haute était déjà au-dessus de l’eau.
Mais tu dois savoir que tous ceux qui ont survécu à Kásskara n’ont pas tous pu venir ici. Nous‚ le clan des coyotes‚ étions les derniers à venir ici. Ceux qui sont partis après nous furent emmenés par des courants vers d’autres pays‚ parce qu’ils n’avaient pas été choisis pour venir ici. Certains arrivèrent à Hawaï‚ une partie du troisième monde qui n’a pas été engloutie‚ d’autres arrivèrent sur des îles du Pacifique sud et d’autres sur une île qui fait partie‚ aujourd’hui‚ du Japon‚ comme je l’ai appris il y a quelques années. Un jeune homme venu de cette île m’a rendu visite. Il avait lu “ Le livre des Hopis ”. Il est venu me dire que sa grand-mère lui avait raconté exactement les mêmes histoires concernant l’ancien monde. Il y a donc un certain nombre de gens qui n’ont pas pu venir ici‚ alors qu’ils ont la même origine et viennent du même continent‚ Kásskara. C’est pourquoi‚ sur les îles Hawaï‚ les initiés s’appellent Kahuna qui était le même nom que Kachina.
Le destin des Atlantes
Tous les habitants d’Atlantis ne périrent pas quand leur continent fut englouti. Ceux qui ne voulurent pas participer à l’attaque de Kásskara par leur reine furent sauvés. Naturellement‚ ils voulurent‚ eux aussi‚ venir sur notre nouveau continent‚ mais le créateur nous avait promis que nous aurions la nouvelle terre pour nous seuls‚ pendant très longtemps. Bien qu’il n’y eut encore aucun Hopi sur ce nouveau continent‚ les Atlantes ne pouvaient pas venir ici‚ en Amérique du Sud. Le créateur ne voulait pas les avoir ici. Il envoya des Kachinas pour les empêcher de se diriger vers l’Ouest‚ car même si les survivants n’avaient pas suivi leurs chefs‚ ils restaient quand même des Atlantes.
Dans des temps anciens‚ quand fut créé le troisième monde‚ les Atlantes avaient des Kachinas comme nous. Mais les Kachinas partirent quand les Atlantes commirent des péchés. Alors‚ il ne restât aux Atlantes que le chemin vers l’Est‚ dans des régions que l’on appelle aujourd’hui l’Europe et l’Afrique. Mais on leur avait ôté leurs pouvoirs. Ils étaient cloués au sol‚ ils ne pouvaient plus voler. Ils ne pouvaient survivre que s’ils partaient par petits groupes et chaque groupe n’emportait qu’une petite partie du savoir global qu’ils possédaient auparavant.
C’est la raison pour laquelle les hommes‚ là-bas‚ n’ont aucun souvenir de leur histoire qui fut comparable à la nôtre. Quand ils détruisirent le troisième monde‚ le créateur les mit à un niveau culturel très bas. Mais après leur punition‚ qui dura des centaines d’années‚ ils recommencèrent à se développer. Pense à la culture des Egyptiens. Pour nous‚ les Hopis‚ ce temps n’est pas loin.
Tout ceci fait également partie de la tradition des Hopis.
TOOWAKACHI‚ LE QUATRIEME MONDE
Táotoóma‚ la terre
La Porte du Soleil à Tiahuanaco
Ceci est maintenant notre nouveau continent‚ Tóówákachi‚ le quatrième monde. Le mot signifie “ le beau pays pour tous les hommes ”. Nous savons que nous sommes les premiers hommes à être venus ici et que le créateur nous a promis que nous y serions seuls‚ entre nous‚ pendant longtemps. Avec ce quatrième monde‚ nous sommes au milieu de la durée de la terre et de l’humanité. Nous sommes dans le quatrième d’un total de sept mondes que nous devons traverser. Trois sont derrière nous‚ trois sont devant nous. Ce fait est exprimé dans nos rites impénétrables ainsi que dans les ruines qui furent trouvées au Mexique et en Amérique du Sud. En ce qui concerne le temps‚ nous avons déjà dépassé le milieu des sept mondes‚ car la durée de chaque monde à venir est plus courte.
La partie du quatrième monde qui est sortie la première de l’eau s’appelle Táotoóma. C’est une abréviation‚ nous les utilisons souvent. Dans votre langue‚ ce nom signifie “ l’endroit qui fut touché par le bras du soleil ”. Nous‚ les Hopis‚ disons que c’est la première partie vue par les aigles qui furent envoyés par les Kachinas. Les aigles volent très haut et ils ont vu le nouveau pays sortant de l’eau‚ c’est pourquoi nous avons de l’estime pour les aigles. Ainsi‚ nous étions dans le nouveau pays et le dernier groupe arriva enfin par bateau. Avec leur arrivée‚ la migration se terminait.
Quand nous fûmes debout sur la côte de ce continent‚ nous regardâmes en arrière et nous vîmes les îles qui sombraient. Les Kachinas nous donnèrent le troisième œil et nous vîmes tout : la disparition de notre terre mère et des îles.
Les deux symboles de la Terre-Mère des Hopis
Je dois t’expliquer encore quelque chose. Tous les gens qui sont venus dans le quatrième monde et qui ont vécu à Táotoóma‚ n’étaient pas tous des Hopis. Nous devrions plutôt dire que nos ancêtres se trouvaient parmi ces gens‚ seulement ceux qui sont arrivés à Oraibi et qui y furent accueillis définitivement s’appellent des Hopis.
Un temps assez long s’est déroulé entre l’arrivée des premiers‚ sur les boucliers volants‚ et des derniers‚ en bateaux. On dit qu’il fallut 3.000 ans pour que nous soyons tous rassemblés. Tout cela s’est passé il y a très longtemps‚ car l’arrivée de ceux qui étaient sur les boucliers volants eut lieu il y a 80.000 ans. Nous avons une façon très simple de parler des grandes périodes de temps : un Soomody signifie 1.000 ans‚ Soo veut dire étoile et tu sais combien il y a d’étoiles ! 4.000 ans ne sont donc que quatre Soomody et il y a 80 Soomody depuis que la migration a commencé.
Ceux qui sont arrivés ici ne purent s’installer que dans cette région qui n’était pas très grande. Dans cette région‚ nous devions tous vivre ensemble. Cela montre pourquoi mon peuple est certain que nous étions les premiers‚ les seuls sur ce continent. Il y a des tribus en Amérique qui sont venues beaucoup plus tard‚ parce que la glace avait fondu dans le nord‚ je t’en parlerai plus tard.
Longtemps avant que tout ceci ne se passât‚ le créateur nous avait montré les planètes. Il nous fit cette offre formidable après nous avoir créés en tant que créatures vivantes. Mais nous avons failli‚ nous n’avons pas suivi les instructions qu’il nous avait données‚ nous n’avons pas respecté sa loi. C’est pourquoi nous eûmes d’abord cette petite partie de terre afin d’apprendre à dominer nos sentiments et à vivre ensemble.
La ville Táotoóma
Ruines à Tiahuanaco
Quand les premiers hommes arrivèrent sur le nouveau continent‚ ils se trouvèrent immédiatement à l’endroit où ils durent construire leur première ville.
La première ville‚ Táotoóma‚ ne fut pas construite en haut de la montagne‚ mais plus bas. Aujourd’hui‚ on ne voit plus cette ville car elle est couverte de terre et d’eau. Je te raconterai la raison plus tard. La ville était plus grande que toutes celles que nous avions eues à Kásskara. Elle avait presque la dimension de la ville de Los Angeles aujourd’hui. Tu connais bien les ruines de Tiahuanaco. Tiahuanaco était une partie de la ville de Táotoóma. Mais Táotoóma n’était pas assez grande pour tous les gens qui devaient encore venir. Et comme tu peux l’imaginer‚ le pays n’était pas encore cultivable puisqu’il venait de sortir de l’eau. Mais les Kachinas avaient demandé que tout soit prêt pour nous‚ et comme les Kachinas étaient encore avec nous‚ ils nous montrèrent comment cultiver la terre le matin et rentrer la récolte le soir. Ce fut très important pour nous‚ pendant de longues années‚ jusqu’à ce que l’eau diminue.
Petit à petit‚ la terre devint de plus en plus grande. Notre peuple commença à aller vers le Nord‚ le Sud‚ l’Est et l’Ouest. Nous pouvions commencer à explorer le nouveau continent et pour cela nous utilisions les boucliers volants. Quelques-uns de chez nous avaient atteint un rang assez élevé pour avoir le droit d’accompagner les Kachinas lors de leurs explorations pour voir comment les nouvelles colonies étaient fondées. Et petit à petit‚ il y eut à nouveau des gens qui eurent leurs propres idées sur la façon de suivre les lois du créateur divin. Ils quittèrent le droit chemin. Parmi eux‚ il y avait des gens de haut rang qui voulaient avoir des positions importantes. Ils commencèrent les premiers à faire un mauvais usage des Tawúya‚ personne n’avait jamais fait cela auparavant. Les Kachinas essayèrent de les empêcher de s’envoler dans l’univers. Nous ne devions pas nous y rendre tant que nous n’avions pas rempli toutes nos obligations dans ce monde. Mais ces gens croyaient être déjà prêts. Le créateur fut au courant de ce qui se passait et‚ peu de temps après‚ il vint en personne et dit : “ Dès la première occasion dans ce nouveau pays‚ vous faillissez. Je dois vous punir. ” Et il prit la ville‚ l’éleva dans le ciel‚ la renversa (la tête en bas) et l’enfonça dans le sol. Dans tous les bâtiments alentour on ressentit l’énorme souffle d’air‚ le sol trembla‚ c’était comme un tremblement de terre. Ce fut une déception pour notre créateur que nous ayons désobéi à la première occasion. Après cela‚ notre peuple décida de partir dans différentes directions. C’est ainsi que se passa la première dispersion de notre peuple sur ce continent.
Nouvelles migrations
Tout cela s’est déroulé au cours des 4.000 ans après que notre peuple fut réuni sur le nouveau continent. Tout le continent était maintenant sorti de l’eau et avait l’aspect de celui d’aujourd’hui. La terre pouvait être cultivée. Progressivement‚ notre peuple quitta les ruines de Táotoóma‚ la première ville construite dans le quatrième monde.
Ce sont surtout ceux qui restèrent fidèles au créateur qui partirent. Ils voulaient se séparer des autres afin de préserver leur vraie croyance et remplir les tâches qu’ils devaient accomplir. C’est pour cela que‚ dans toute l’Amérique du Sud‚ on fonda de nouvelles colonies. Ils ne partirent pas tous en même temps mais progressivement durant un temps assez long. Cette fois encore‚ chaque groupe eut un Kachina pour le guider. Les groupes‚ que nous appelons clans‚ durent se séparer afin de pouvoir survivre‚ mais également pour suivre l’enseignement du créateur‚ cela faisant partie de son plan divin. Durant ces migrations‚ les Kachinas purent communiquer entre eux et ils nous aidèrent de la même façon qu’auparavant. Ils nous apprirent comment semer et récolter le même jour sans attendre pendant des mois que les fruits mûrissent.
Quand nous nous fûmes éloignés des ruines de la ville détruite‚ certains Kachinas furent destinés à des garçons et des filles qui n’étaient pas encore nés. Ces enfants étaient choisis pour transmettre la mémoire véritable des événements du passé. Cela arriva bien souvent dans notre histoire. L’enfant reçoit le savoir lorsqu’il est encore dans le ventre de sa mère. Parfois‚ c’est la mère qui le reçoit pour que toutes ses pensées puissent pénétrer l’enfant avant la naissance. Pour cette raison‚ l’enfant n’a plus besoin d’apprendre plus tard‚ il faut seulement lui rappeler ce savoir qu’il reçut avant sa naissance. Tout ce que je te raconte ici ne s’est pas déroulé comme cela en peu de temps. Plusieurs centaines d’années s’écoulèrent depuis le début de la migration. Mais les enseignements des Kachinas permirent de garder nos traditions en mémoire. Souvent‚ à la vitesse de l’éclair‚ les Kachinas se rendaient chez le créateur afin de l’informer de nos progrès sur la terre. Et‚ comme je l’ai déjà dit‚ certains de nous avaient acquis un haut rang et étaient devenus très proches des Kachinas‚ alors ces derniers leur permettaient de les accompagner durant leurs vols.
Les migrations du clan de l’ours
Comme les clans se dirigeaient dans différentes directions‚ je vais te raconter maintenant l’histoire d’un seul clan‚ c’est-à-dire le clan de l’ours‚ dont faisaient partie mes pères. Je le choisit également parce qu’il fut sélectionné pour tenir un rôle de guide et de dirigeant dans le quatrième monde.
J’ai tout appris de mon père et de mon frère qui étaient parfaitement au courant de l’histoire des clans et de leurs migrations jusqu’à notre hémisphère‚ parce que nos ancêtres étaient les chefs des Hopis et des clans de l’ours depuis l’arrivée dans le quatrième monde.
Mais avant‚ je veux t’apprendre quelque chose que m’a raconté ma mère. Quand nous avons quitté la grande ville détruite‚ les Kachinas ont effacé la mémoire de tous ceux qui sont restés‚ ainsi que des générations futures. Donc‚ tous ceux qui‚ plus tard‚ vécurent aux environs des ruines‚ n’eurent pas la moindre idée de ce qui s’était passé avant. De ceux qui sont partis‚ seuls les Hopis connaissaient la vérité.
Dans le troisième monde‚ le clan de l’ours était l’un des clans les moins importants. Il n’avait pas participé à la destruction du monde précédent. C’est justement parce qu’il n’avait pas de passé chargé (par des fautes commises) qu’il fut choisi pour être le clan dominant à l’arrivée dans le quatrième monde. Le clan de l’ours a donc toujours un rang plus élevé que le clan du feu qui détruisit le premier monde‚ ou que le clan de l’araignée et le clan de l’arc qui détruisirent le deuxième et le troisième monde.
En raison de leur position de chef du clan de l’ours parmi les Hopis‚ un Kachina du plus haut rang fut désigné pour les gens de ce clan. En réalité‚ ce n’était pas un Kachina mais une déité. Il s’appelait Eototo et devait les accompagner où qu’ils aillent. Quand‚ sous la direction de Eototo‚ ils se dirigèrent d’Amérique du Sud vers le nord‚ ils connurent une période très difficile. La région qu’ils devaient traverser était terriblement chaude. Ils mirent beaucoup de temps pour traverser les forêts et pour s’habituer au climat ; beaucoup d’enfants moururent à la naissance en raison de la chaleur. Les temps furent difficiles. Ils voulaient chercher des montagnes pour sortir de cette chaleur‚ mais les Kachinas les encouragèrent à continuer et les protégèrent tout au long de la longue marche à travers la jungle. Il existe encore aujourd’hui une cérémonie qui rappelle cette protection.
Kachina oiseau
Comme je te l’ai dit‚ plusieurs groupes quittèrent la ville détruite après nous‚ avec un Kachina à la tête de chaque groupe. Et comme les Kachinas pouvaient communiquer entre eux‚ ces groupes savaient ce qui les attendait.
Il se passa beaucoup de temps avant que la zone chaude fut derrière eux. Ils arrivèrent à mieux respirer‚ les enfants ne moururent plus et le peuple s’agrandit. Ils continuèrent en direction du nord et furent guidés vers des lacs et des fleuves par Eototo.
Après beaucoup d’années‚ ils arrivèrent à une barrière de glace et ne purent aller plus loin vers le nord. Ce n’était pas beaucoup plus au nord que la frontière canadienne d’aujourd’hui. Eototo leur dit qu’il s’agissait d’une porte qui serait ouverte plus tard pour d’autres gens qui viendraient de par là pour immigrer vers le sud. Alors‚ ils rebroussèrent chemin pour chercher un endroit accueillant. Mais le voyage n’était pas terminé. Ils durent d’abord se diriger en direction du soleil levant en traversant des régions d’où l’eau n’était pas partie depuis longtemps. Un jour‚ ils ne purent aller plus loin car ils arrivèrent devant une grande étendue d’eau. Eototo leur dit que c’était la fin du voyage vers l’est. “ Maintenant‚ vous devez vous retourner et marcher dans la direction du soleil couchant. ” Ils obéirent et allèrent vers l’ouest. Après de nombreuses années‚ ils arrivèrent de nouveau devant une étendue d’eau et Eototo leur dit : “ Vous avez maintenant terminé votre migration‚ vous pouvez choisir où vous voulez vivre. ” Mais le clan ne savait pas encore où il voulait s’installer. Après des recherches‚ il choisit cet endroit-ci où ils construisirent leur premier village et où les Hopis vivent depuis lors.
Les anciens qui venaient du ciel
Je vais te décrire une cérémonie qui nous rappelle le temps que nous avons passé dans la jungle. Elle exprime qu’il fallait montrer le chemin aux êtres humains et qu’ils avaient besoin de protection contre les animaux sauvages. J’ai vu moi-même cette cérémonie qui est célébrée tous les quatre ou huit ans au temps des Shaátlako (des Kachinas de haut rang) et elle est inhabituelle parce que l’on ne danse pas‚ on ne fait que marcher !
Dans cette cérémonie‚ on montre un groupe accompagné de quatre Kachinas : le premier marche devant‚ puis un de chaque côté‚ et le dernier marche derrière le groupe. Les Kachinas qui marchent devant et derrière sont des Kachinas de haut rang‚ des déités appelées Sólawúchim. Só veut dire “ étoiles ”‚ la veut dire “ contenir quelque chose ” et wuchim signifie “ être élu ”. Le nom peut donc être traduit pas “ Les étoiles qui possèdent le savoir secret ”.
Les deux Sólawúchim tiennent dans leur main gauche un arc et portent sur l’épaule un carquois en peau de jaguar pour montrer leur pouvoir et leur force. La ligne noire en travers de la figure‚ cachant les yeux‚ les distinguent comme étant les détenteurs du savoir secret de leur pays d’origine. L’ornement noir et blanc au cou montre qu’ils connaissent les corps célestes. La peinture bleue de leurs mocassins signifie qu’ils sont des initiés qui viennent de très loin‚ d’au-delà des étoiles. Celui qui porte la peau de jaguar est le chef‚ celui qui porte une corne sur le côté droit de la tête marche derrière le groupe et il est le deuxième chef. Le dessin de losanges de couleur bleue sur la corne montre la force électrique ou électromagnétique qui rassemble (unit) leurs planètes d’origine.
Les Kachinas marchant sur les côtés sont d’un rang inférieur. Il est important que les divinités et les Kachinas fassent partie du clan de l’arc‚ car cela démontre que le clan de l’arc a connu les mêmes événements que le clan de l’ours. Le clan du soleil et le clan du coyote ont également les mêmes traditions‚ mais seul le clan de l’arc‚ dont la tradition est la plus complète‚ célèbre la cérémonie des “ anciens qui venaient du ciel ”.
Et maintenant voici l’histoire : le clan de l’arc commença sa migration vers le nord à travers la jungle‚ en partant d’une ville appelée “ la ville du brouillard ” parce qu’il y avait souvent du brouillard. Le mot Hopi pour cette ville est Pamísky. Elle était située très haut dans la montage‚ mais Tewáletsíwa‚ du clan de l’arc‚ ne savait pas exactement où‚ en Amérique du Sud‚ mais il disait : “ Si je la voyais‚ je reconnaîtrais facilement l’endroit où se trouvait la ville du brouillard. ” Tewáletsíwa connaissait aussi l’histoire de la ville de Táotoóma (Tiahuanaco). Les Kachinas avaient dit au clan d’aller vers la jungle et‚ en partant de la ville du brouillard‚ le clan descendit vers les terres basses. Je suppose que la ville devait se situer quelque part en Equateur .
Quand le clan de l’arc fut prêt à entreprendre les migrations‚ les Kachinas arrivèrent pour les aider à traverser la jungle. Ils leur montrèrent le chemin et les protégèrent pendant la marche. Ils avaient surtout besoin de protection pour les enfants. Mais les enfants nés en altitude ne purent survivre‚ seulement les enfants nés dans les basses terres. Pendant la journée‚ les Kachinas protégeaient les gens ainsi que cela est montré dans la cérémonie. Les divinités faisaient du bruit avec leurs instruments (crécelles) et les autres Kachinas enfonçaient leur bâton dans la terre‚ ce qui faisait fuir les animaux sauvages. C’est seulement aujourd’hui que l’on utilise des os d’animaux pour les crécelles‚ avant on utilisait des coquillages. Aujourd’hui‚ on n’utilise plus de cuir de jaguar comme avant‚ mais du cuir de biche. Tewáletsíwa disait que les instruments en coquillages dégageaient également des ondes magnétiques. Il parlait très sérieusement des ondes et du bruit des coquillages. Quand le clan se reposait la nuit‚ les Kachinas s’élevaient comme des étoiles au-dessus de la jungle et leur lumière protégeait les gens contre les bêtes sauvages. Je voudrais ajouter que les arcs des Kachinas servaient uniquement à la protection‚ les Hopis ne tuaient pas d’animaux pour se nourrir. A Táotoóma‚ les Kachinas leur avaient demandé de réduire leur consommation de viande et de se nourrir plutôt par des plantes‚ car cela augmentait le niveau du savoir spirituel. Les Kachinas restèrent avec les gens du clan de l’arc jusqu’à ce qu’ils arrivent à Palátquapi.
Palátquapi
Quand les clans furent encore en migration en Amérique du Sud et au Mexique d’aujourd’hui‚ longtemps avant la fondation d’Oraibi par le clan de l’ours‚ beaucoup voulurent se réunir à nouveau. Ils se rappelaient le temps du malheur en Amérique du Sud et de la destruction de leur première ville et ils voulurent‚ à nouveau‚ vivre en harmonie avec le grand esprit Táiowa. Ils ne lui avaient pas obéi et s’étaient éparpillés dans toutes les directions. Sous l’influence des Kachinas‚ ils étaient maintenant décidés à revenir sur le droit chemin. Ceux des chefs qui pouvaient encore se servir de leur troisième œil‚ rassemblèrent les clans afin de fonder un centre culturel d’un niveau élevé de savoir spirituel. Chaque Hopi se rappelle cet endroit. Je crois qu’aucun Hopi ne pourrait jamais oublier cette ville qui fut construite et qui portait le nom de Palátquapi. Dans notre langue‚ cela veut dire “ ville rouge ”. D’après ma grand-mère‚ Palátquapi fut la première grande ville dans la partie moyenne de l’hémisphère ouest. Les groupes qui ne venaient pas dans ce centre sombrèrent de plus en plus et commencèrent à vénérer le soleil comme leur dieu et ils continuèrent à le faire. Je voudrais encore ajouter que le clan de l’ours avait‚ depuis longtemps‚ traversé cette contrée pour se rendre en Amérique du Nord afin d’ouvrir (gagner) ce pays pour nous. On a retrouvé l’endroit où se situait cette ville. Elle s’appelle maintenant Palenque et se trouve dans l’était mexicain du Chiapas. C’était une grande communauté. Elle ne fut pas construite par des esclaves‚ au contraire‚ cela ne fut pas difficile. Le fondement de tous ces travaux se situaient dans le domaine spirituel. Tout ce qui fut entrepris pour cette communauté le fut pour des raisons spirituelles. Les gens avaient fait l’expérience de ce qui était arrivé à leur première ville et voulurent se prouver à eux-mêmes que‚ cette fois-ci‚ ils feraient mieux. C’était comme s’ils voulait se racheter. C’est ainsi que fut construite cette ville et que des gens de très haut rang s’y retrouvèrent. De plus‚ les relations et les possibilités d’entente avec les Kachinas furent renouées.
Vue de Palenque
La Grande Ecole du savoir
Pyramide de Tajin (Mexique)
Elle rappelle énormément "la Grande école du savoir" des traditions hopies
Celle qui se trouvait à Palenque (Palátquapi) n’existe plus aujourd’hui.
A Palátquapi‚ il y avait un édifice qui fut bâti avec un soin particulier. C’était l’édifice le plus important car il devait servir à l’apprentissage. Mon père m’en a parlé quand je n’allais pas encore à l’école. Il me parla des quatre étages de l’édifice et de son utilité.
Au rez-de-chaussée‚ les jeunes gens apprenaient l’histoire de leur clan et celle du monde précédent. C’était à peu près la même chose que ce qui leur avait toujours été enseigné. Les étages supérieurs étaient les plus importants‚ laisse-moi t’en parler maintenant.
Dans le deuxième étage‚ les élèves étaient instruits sur tout ce qui concerne le plan de vie. Ils apprenaient tout sur la nature qui nous entoure‚ sur les plantes et les animaux‚ à travers un enseignement théorique et pratique - comment poussent les fleurs‚ d’où viennent les insectes‚ les oiseaux et les autres animaux‚ tout ce qui vit dans la mer‚ comment pousse et se développe chaque espèce. Ici‚ on demandait instamment aux élèves d’ouvrir et d’utiliser leur troisième œil.
Ils apprenaient aussi les matières chimiques sur lesquelles est basée notre vie. Le corps est composé d’éléments qui proviennent de la terre. Si nous n’obéissons pas aux lois et maltraitons la terre‚ nous devons souffrir non seulement psychiquement‚ mais aussi physiquement. Les maladies qui frappent le corps humain sont causées par la faute des hommes eux-mêmes - ceux qui sont malveillants et que l’on appelle aujourd’hui les faux et les hypocrites. Cela se transmet de monde en monde et c’est encore ainsi que cela se passe aujourd’hui‚ et cela restera ainsi jusqu’à ce que le créateur lui-même change cet état de fait‚ mais ça ne sera pas avant le neuvième monde.
En dehors des études‚ les élèves devaient produire la nourriture pour toute la communauté. On se nourrissait de la façon la plus pure et on ajoutait à la nourriture du corps‚ la nourriture de l’esprit. De cette manière‚ les jeunes gens avaient une grande estime pour tout ce qui les entourait. Ils apprenaient que‚ suivant l’ordre établi par le créateur‚ ils pouvaient utiliser les plantes et les animaux pour leur nourriture et pour la construction de leurs maisons. Ils en avaient la permission‚ mais avant ils devaient prier pour qu’ils comprennent que ce qu’ils prenaient était un cadeau. De cette façon‚ ils ne détruisaient rien‚ ils acceptaient les cadeaux et la vie qui les entourait restait telle qu’elle était. Encore aujourd’hui‚ chaque Hopi bien éduqué spirituellement prie et remercie. Cela est important et notre peuple devrait toujours le faire.
Cette deuxième étape était‚ en fait‚ le vrai début de leurs études et toutes leurs connaissances les accompagnaient toute leur vie.
Au troisième étage de l’édifice se trouvaient les jeunes qui avaient traversé les deux premières étapes de l’apprentissage. Ils avaient entre douze et vingt ans. Avant d’atteindre le troisième étage‚ ils avaient eu l’occasion de connaître différents hommes‚ différentes mentalités et pensées. Ils étaient assez mûrs pour avoir pu faire leurs propres observations et expériences. A présent‚ ils devaient faire connaissance avec le corps humain‚ l’esprit et notre relation avec notre origine divine.
D’abord ils s’occupaient de la tête. Le créateur nous a donné un merveilleux instrument‚ le cerveau. Là‚ toutes les pensées agissent ensemble avec la partie corporelle de l’être humain. Ils étudiaient aussi la structure de l’esprit et comment le créateur agit sur l’humanité et sur tout ce qui existe dans l’univers. Celui qui a tout parfaitement appris‚ ne connaît plus de barrières de langage. Il peut communiquer avec les plantes‚ les animaux‚ avec chaque créature de notre monde. Cela constituait une partie de ce qui était enseigné au troisième étage‚ c’est-à-dire d’accorder cet esprit merveilleux avec celui de dieu‚ comme vous l’appelez‚ ou avec notre créateur‚ comme notre peuple l’appelle.
Le deuxième point important était la voix. Les ondes sonores que nous produisons ne sont pas destinées (et limitées) uniquement à ceux qui nous écoutent‚ mais elles atteignent l’univers tout entier. C’est la raison pour laquelle elles doivent être harmoniques‚ car ainsi nous louons notre créateur. C’est pourquoi les Hopis‚ dans leurs cérémonies‚ chantent des louanges pour la nature qui nous entoure et pour les éléments.
Tout ce que nous disons est écrit continuellement‚ mais tout ce qu’un être humain dit pendant toute sa vie ne prend pas plus de place qu’une petite tête d’épingle. Tu vois combien ton magnétophone‚ ici sur la table‚ est démodé et en retard ? Toutes les voix‚ tout ce qui a été dit dans le troisième monde‚ sont gardés dans une grotte quelque part en Amérique du Sud. Ma grand-mère m’en a parlé un jour‚ mais elle m’a dit aussi que plus personne ne connaît l’endroit où se trouve cette grotte.
Puis venait l’enseignement sur tout ce qui concerne le cœur. C’est le siège de nos pensées ; ici nous trouvons la compréhension et la pitié qui sont si importantes.
L’autre côté essentiel de notre cœur est sa relation avec le sang contenu dans notre corps. Le sang a une telle importance que l’homme ne doit jamais expérimenter avec lui. Le créateur a interdit tout mauvais usage du sang. Le grand danger de ce mauvais usage se trouve encore dans le futur‚ c’est ce que l’on nous a dit.
Maintenant‚ nous arrivons à l’étage le plus élevé de l’édifice. A ce niveau‚ on étudie l’univers qui nous entoure‚ la création et le pouvoir divin.
Les étudiants étaient informés de toutes les particularités de notre système planétaire‚ pas seulement ce que l’on peut observer‚ mais aussi sur leur ordre. Ils savaient‚ et c’est pourquoi nous le savons aussi‚ que sur la lune se trouve du sable fin‚ que la terre est ronde et qu’il n’y a pas de vie sur Vénus‚ Mars ou Jupiter. Ce sont des planètes mortes sur lesquelles l’homme ne peut pas vivre. Si vos scientifiques nous l’avaient demandé‚ nous aurions pu leur dire qu’ils allaient trouver du sable fin sur la lune.
Nous avons aussi appris qu’il existe un plan global du créateur que l’être humain doit suivre. S’il faillit au plan‚ il n’est plus l’enfant de la force divine et doit être puni. La loi du créateur a l’air très simple‚ mais il est quand même très difficile de lui obéir. Tout ce qui porte préjudice à l’être humain‚ tout ce qui trouble la tranquillité (la paix) de l’homme‚ viole la loi du créateur. Il en ressort que le crime le plus grave que l’on peut commettre est la destruction de la vie d’un être humain. Rien n’est pire.
Puis on nous a donné des informations concernant le huitième monde. Ce monde existe mais personne ne sait où il se trouve. Tous les êtres humains qui meurent s’y rendent. Il consiste en deux planètes‚ l’une pour les gens bons‚ l’autre pour les méchants. Quand ce sera la fin du septième monde‚ tous les gens bons du septième monde et du huitième monde iront dans le neuvième monde. Le neuvième monde n’existe donc pas encore. Il ne sera créé qu’en temps voulu‚ ici sur cette terre. Le neuvième monde ne se terminera jamais‚ il sera éternel. Les gens méchants resteront pour toujours sur leur planète‚ aveugles et dans les ténèbres.
Dans le neuvième monde‚ il n’y aura plus de différences de races. Tu prendras ma couleur de peau ou moi la tienne‚ nous ne le savons pas‚ mais il n’y aura plus de races différentes. Nous devrons travailler et tout sera merveilleux. Mais ce dont parlent les Chrétiens - des anges et tous ces gens qui jouent de la harpe - ça n’existera pas. Notre créateur n’est pas un paresseux.
C’est tout‚ en ce qui concerne l’apprentissage et l’enseignement. L’édifice même‚ dans sa construction en gradins‚ du sol jusqu’au dernier étage‚ représentait pour nous le savoir croissant‚ l’ascension vers les niveaux supérieurs de l’esprit‚ la compréhension croissante pour les miracles de notre monde. D’après notre tradition‚ un tel édifice existait également à Táotoóma.
L’enseignement était donné par les Kachinas. Le créateur était mis au courant de nos progrès car il était en relation avec les Kachinas par transmission de pensées. Le choix des personnes pouvant aller dans cette école était également décidé par les Kachinas‚ car ce sont eux qui désignaient les enfants avant leur naissance pour une telle vie d’apprentissage‚ de dévouement et d’abnégation. C’est pourquoi seuls les Kachinas étaient capables de désigner ceux qui pouvaient monter de niveau et atteindre finalement le dernier étage de cette grande école de la vie. Peu d’entre eux atteignaient le but. Ceux qui y parvenaient étaient en harmonie parfaite avec le créateur divin‚ c’est pourquoi je les appellerai des “ grands hommes saints ”.
A ce propos‚ je dois te parler d’un homme que j’ai eu la chance de connaître. Son nom était Aápa. Il appartenait au clan de mon grand-père‚ le clan du blaireau‚ et il fut l’un des grands visionnaires de notre temps. De tels hommes sont parfois appelés hommes-médecine‚ même par nos gens‚ mais en fait ils ne le sont pas. Les événements que j’ai vécu avec lui‚ et les choses qu’il faisait étaient pour moi remplis de mystère. Souvent‚ il utilisait son troisième œil. Un jour‚ il m’a dit que l’on pouvait changer de côté‚ c’est-à-dire passer du côté corporel de notre vie vers le côté spirituel. La frontière entre les deux serait à peine perceptible. Tous ceux qui voient avec leur troisième œil peuvent la traverser. Aápa nous a montré également comment on peut‚ à l’aide de la lune‚ voir l’autre côté de la terre. Il nous a montré et enseigné beaucoup de choses que tu ne pourrais pas croire sans les voir toi-même. Il fit ces choses en présence de mes parents et‚ en tant que fils aîné‚ je pus y assister. Je pourrais t’en dire plus mais‚ pour quelqu’un qui n’a pas vécu lui-même de telles expériences‚ ce serait difficile à croire ou à comprendre. Il nous disait encore que tout ce savoir provenait justement du quatrième étage de l’édifice en question et fut transmis à ses ancêtres desquels il le tenait.
Tous ces hommes qui consacrent tout leur temps à ces tâches importantes‚ marchant sur un chemin étroit‚ sont confrontés à de nombreux dangers et tentations. Mais il a toujours existé des hommes qui atteignirent ce but élevé. Aujourd’hui‚ un tel homme est appelé Náquala‚ ce qui signifie conseiller ou bienfaiteur‚ et cela montre son abnégation et son dévouement dans la vie et ses devoirs envers son peuple en tant que guide. Un tel homme ne se laisse pas détourner de son chemin de vérité.
A tous ceux qui avaient atteint ce but‚ les Kachinas leur accordaient la faveur de ne pas être obligés de mourir ; ils pouvaient quitter notre terre sans être morts. Cela a déjà existé dans la ville de Táotoóma (Tiahuanaco). Ces gens nous ont quitté réellement dans leur corps humain et sont partis vers un système planétaire que nous ne connaissons pas.
Les Kachinas nous encouragèrent à apprendre beaucoup pour pouvoir atteindre le plus haut rang. Ils nous rappelaient toujours que la vie était devant nous et que nous ne devions jamais oublier ce que nous avions appris dans cette Grande Ecole. Ils nous dirent aussi qu’un jour‚ dans l’avenir‚ il y aurait encore des malheurs et que nous devions tout faire pour rester proches du pouvoir divin.
Malheur et déchéance
Pendant des siècles‚ les gens de Palátquapi restèrent sur le droit chemin. Partout régnait l’harmonie. Après un certain temps‚ certains clans commencèrent à partir pour s’installer plus loin. Plus les nouvelles colonies s’éloignaient et moins elles avaient de contacts avec nos enseignants les Kachinas. Les hommes qui avaient atteint le niveau le plus élevé de notre Grande Ecole furent envoyés comme délégués dans ces nouvelles colonies. Ils utilisaient leur troisième œil pour choisir les jeunes gens à qui ils pouvaient transmettre leur savoir. Mais‚ finalement‚ beaucoup de colonies perdirent le contact avec nos guides et quittèrent le droit chemin. A l’intérieur des clans et aussi entre les différents clans‚ des disputes éclatèrent et eurent pour conséquence de séparer les clans. Encore plus de gens quittèrent Palátquapi. Ils partirent en Amérique Centrale et au Yucatán. Ils construisirent des villes‚ et de grandes cultures y prirent également naissance.
A nouveau une époque survint où même des guides spirituels se mirent du côté des pécheurs‚ je veux dire que eux aussi quittèrent le droit chemin. Et le temps arriva où notre peuple fut à nouveau séparé.
Les clans les plus importants qui quittèrent Palátquapi furent le clan du serpent et le clan de l’arc. Mais de ces deux clans‚ des parties importantes restèrent à Palátquapi. Il s’agissait de gens qui continuaient à obéir aux lois du créateur. Je dois ici t’expliquer la structure de nos clans‚ pour que tu comprennes la répercussion que peut avoir une telle scission.
Pour comparer‚ imagine deux frères portant naturellement le même nom de famille. Quand un des frères déménage‚ il y aura deux fois le même nom de famille‚ une fois dans la ville et une fois ailleurs. Je vais citer le clan du serpent comme exemple. Comme tous les clans‚ le clan du serpent comprend plusieurs groupes. Dans le cas présent‚ ce sont six groupes appelés également clans‚ car nous avons un serpent à six têtes. Le groupe le plus élevé est le clan Kaátoóya. Kaátoóya est le serpent qui montre la direction de l’ouest‚ c’est-à-dire du coucher du soleil‚ la mort. D’après la tradition du clan du serpent‚ c’est le serpent le plus important car c’est lui qui prononce la sentence quand nous quittons la terre. Ici‚ tu peux voir comment nous utilisons et parlons des symboles. Les gens pensent que nous n’avons rien d’autre‚ mais c’est faux car nous savons ce qu’il y a derrière les symboles. Dans le cas présent‚ Kaátoóya est la divinité la plus importante du clan du serpent‚ mais nous parlons d’elle comme d’un serpent. Pour les autres cinq directions‚ il y a chaque fois un serpent et un clan. Quelques-uns des clans du serpent étaient devenus désobéissants envers leur divinité Kaátoóya‚ à Palátquapi‚ et sont partis. Mais trois clans - ouest‚ est et nord - sont restés avec leur divinité. C’est pourquoi nous pouvons dire d’un côté que le clan du serpent avait quitté la ville et de l’autre côté que le clan du serpent était resté en ville. Tu vois‚ il n’y a pas de contradiction. Dans le cas du clan du serpent‚ il arriva même que ceux qui sont partis ont fait plus tard la guerre contre leur propre divinité la plus élevée.
Comme je l’ai dit‚ les clans qui sont partis de Palátquapi ont construit beaucoup de villes. Quelques ruines de ces villes furent retrouvées‚ mais on en découvrira davantage dans le futur‚ il y aura donc plus de preuves pour notre tradition. La capitale du clan de l’arc était le grand centre de Tikal. On y a trouvé une sculpture d’une tête en pierre avec un serpent dans la bouche. Il s’agit de la divinité Saáviki. Je te raconterai plus tard une histoire à son sujet.
Vue aérienne de Tikal
Le Yucatán fut peuplé par le très puissant clan du serpent. Là aussi‚ beaucoup de villes furent construites. Sur de nombreux rochers se trouve le serpent à plumes. Chichen Itza était la capitale. Les chefs de ces clans étaient partis de Palátquapi parce qu’ils voulaient régner eux-mêmes et‚ bientôt‚ ils se sentirent aussi forts que ceux de Palátquapi. Ils quittèrent le droit chemin et prirent des chemins différents. Jusqu’à ce moment-là‚ et pendant toute la première phase de la séparation‚ Palátquapi fut toujours le vrai centre. Je dirais que les autres villes au Yucatán et en Amérique Centrale furent des villes secondaires. Mais l’émigration affaiblissait la puissance de Palátquapi et ses chefs pressentaient qu’il y aurait la guerre. En même temps‚ beaucoup de clans restèrent attachés à leur croyance‚ la plupart d’entre eux demeurèrent à Palátquapi. Mais certains furent également parmi les émigrants et purent être‚ malgré tout‚ en mesure de rester sur le droit chemin car ils n’avaient jamais participé à la destruction des anciens mondes‚ ils étaient les élus. Quand les initiés de très haut rang‚ qui avaient atteint le quatrième niveau‚ virent le danger‚ ils se rendirent dans les autres villes afin d’obtenir une réunification‚ mais ils n’eurent plus de pouvoir sur elles.
Il y eut de nombreux démêlés guerriers dans toute la région. Le clan du serpent et le clan de l’arc - les parties de ces clans qui avaient quitté Palátquapi - se combattirent. Finalement‚ les guerres eurent pour conséquence la complète destruction des villes. Les continuelles atteintes contre les lois divines provoquèrent une telle perversion et un tel désordre dans toute la région que les gens voulurent simplement ne plus y vivre. Tout fut dégradé et personne ne put remplir correctement ses obligations religieuses. Ils ne purent rien faire d’autre que de partir à nouveau en migration. Certains de ces clans s’installèrent ici‚ à Shingópovi‚ puis à Oraibi‚ et enfin à Hotevilla. C’est pourquoi à Hotevilla‚ encore aujourd’hui‚ chaque année au mois de février a lieu la célébration du serpent à plumes.
Au cours de ces temps terribles à Palátquapi et au Yucatán‚ les Kachinas nous quittèrent. C’est depuis ce temps qu’ils ne sont plus avec nous et tout ce que nous pouvons faire est de prendre exemple sur eux. Quand ils sont partis‚ ils nous ont dit : “ A partir de maintenant‚ vous ne pouvez compter que sur vous-mêmes. ”
Peut-être te demandes-tu comment ce malheur a pu s’abattre sur Palátquapi et le Yucatán en dépit de la présence des Kachinas. Je peux te dire qu’à chaque fois‚ dans le passé‚ que quelque chose du même genre est arrivé‚ cela n’était pas le plan des Kachinas mais des hommes. Les Kachinas les ont mis en garde‚ mais la plupart des hommes voulaient conquérir et faire des guerres. Ils n’écoutaient pas les sermons et conseils et continuèrent à porter atteinte aux lois du créateur. C’est la raison pour laquelle beaucoup de clans et peuples furent détruits. Quand les clans menaient réellement la guerre‚ les Kachinas ne s’en mêlaient pas. Ils ne voulaient pas s’en mêler car la terre appartient aux hommes. C’est l’homme qui est responsable et il détermine ses actes lui-même. Ce que les hommes ont fait‚ ils l’ont fait d’eux-mêmes‚ et ils vont en subir les conséquences. Mais le jour du règlement des comptes n’est pas encore là. Seulement aujourd’hui‚ à notre époque‚ l’humanité approche du temps de la punition.
Beaucoup de légendes existent concernant les combats pendant ces temps de troubles et de destructions.
Háhäwooti
Un groupe de clans émigra vers le nord en direction de la barrière de glace. Quand ils arrivèrent‚ des différences d’opinion éclatèrent entre les chefs. Certains clans restaient fidèles aux anciennes croyances pendant que d’autres s’en détachaient. Ces derniers décidèrent d’arrêter la migration et de retourner à Palátquapi.
Ces clans qui revenaient du nord avaient développé leurs propres idées et enseignements. Quand‚ enfin‚ ils arrivèrent à Palátquapi‚ ils virent cette ville épanouie et les gens qui continuaient à suivre les anciennes croyances ; ils en devinrent très envieux. Les gens de Palátquapi et les nouveaux arrivants ne purent vivre ensemble à cause de leurs différences de croyances. C’est ainsi que ces derniers s’installèrent en dehors de la ville mais pas trop loin. Ils appartenaient à un clan puissant‚ le clan du feu. C’était le clan qui régna pendant le premier monde et‚ finalement‚ causa sa destruction. L’envie et la jalousie poussèrent le clan du feu à attaquer Palátquapi. Nous gardons vivant le souvenir de ce combat par quelques-unes de nos cérémonies dans lesquelles les héros de ces démêlés apparaissent.
L’un des clans qui restèrent à Palátquapi et ne continua pas sa migration fut le clan Aása. Aása veut dire graines de moutarde‚ qui faisait partie de notre nourriture en hiver à nos débuts ici‚ à Oraibi. Le nom du clan fut transformé plus tard en Astak mais‚ à l’époque‚ c’était toujours le clan Aása. Les gens de ce clan obéissaient à leurs chefs et restaient fidèles aux enseignements des Kachinas.
Parmi eux se trouvait une famille avec trois enfants‚ une fille et deux garçons‚ qui jouèrent un rôle important dans cet événement de notre histoire tribale. La fille s’appelait Háhäwooti. Elle était très têtue et écoutait à peine ses parents. Mais elle était forte et‚ tout en étant la cadette‚ n’avait pas peur d’exécuter des travaux d’homme quand ses frères étaient absents. Le frère aîné s’appelait Cháckwaina et l’autre Héoto.
Palátquapi était entouré d’un mur de pierres et bien protégé. La ville avait déjà été attaquée de nombreuses fois‚ mais elle avait toujours pu se défendre et détruire l’ennemi. Quand le clan du feu commença son attaque‚ Héoto courut vers la maison pour prévenir ses parents. La mère était justement en train de coiffer Háhäwooti. Elle avait disposé les cheveux en rosette en haut du côté gauche de la tête‚ maintenant elle passait le peigne dans les cheveux du côté droit. C’est alors que Cháckwaina fit irruption dans la maison pour relater ce qui se passait. Puis il regarda sa sœur et dit : “ Tu as toujours agi selon ta propre volonté et tu n’obéis jamais ni n’écoutes les parents ; maintenant‚ nous allons voir si tu es courageuse et si tu peux nous aider à défendre la ville. ” Háhäwooti répondit à son frère : “ Je vais te le montrer. ” Et avant que sa mère n’ait pu lui attacher les cheveux du côté droit‚ elle prit l’arc et les flèches et partit en courant.
C’est pourquoi‚ dans la cérémonie‚ elle porte un carquois‚ un arc et des flèches‚ et ses cheveux sont défaits d’un côté. Elle montra vraiment beaucoup de courage pendant le combat‚ mais c’était son frère qui l’avait encouragée. Tous les trois se battirent avec courage - mais c’est surtout Háhäwooti qui guida le peuple - ils ont boutèrent l’ennemi hors de la ville et le poursuivirent très loin. Plus jamais il ne revint attaquer la ville. Háhäwooti‚ Cháckwaina et Héoto sont devenus des Kachinas grâce à leurs exploits. Pendant la cérémonie‚ les danseurs qui représentent les trois héros répètent et imitent leurs gestes et‚ en témoignage de leur grand courage‚ Háhäwooti et Cháckwaina ne sont pas obligés de danser avec les autres danseurs (Kachinas)‚ ils ont un rôle déterminant et peuvent sortir du rang. Ils portent des masques noirs‚ ce qui n’a rien à voir avec la race mais est le signe qu’ils sont maintenant des initiés et ne sont plus des êtres humains. La vraie signification de la couleur noire est le symbole de tout ce qui est mystérieux‚ connu seulement du créateur.
Sur un côté du visage de Cháckwaina est dessinée une lune‚ et sur l’autre une étoile. Ces symboles sont très importants. Comme nous le savons‚ la lune est loin de la terre‚ mais encore visible‚ la lune attire l’attention sur une grande distance dans l’univers‚ c’est pour reconnaître la distance encore plus grande de l’étoile. Cette étoile est le signe du système planétaire où habitent les Kachinas. Cette étoile et ses planètes ne sont même pas encore connues par les astronomes actuels. Elles ne seront découvertes qu’à la fin du septième monde. C’est à ce moment-là que nous serons informés de la Confédération des planètes mais aujourd’hui‚ dans l’état actuel de nos connaissances‚ nous ne pouvons pas encore nous y rendre.
Tu vois que pendant nos cérémonies‚ les actes de Háhäwooti et de ses frères jouent un rôle important. C’est de cette manière que nous gardons l’histoire en mémoire et que nous savons exactement ce qui s’est passé.
Le combat entre le clan du serpent et le clan de l’arc
C’est également une histoire importante. Depuis le combat‚ beaucoup de temps s’est écoulé et notre peuple a beaucoup marché pour arriver enfin ici‚ sur notre terre. Mais nous avons toujours gardé vivant le souvenir de tous ces événements réels qui se sont passés‚ même si les membres d’un certain clan‚ qui sont toujours parmi les Hopis‚ n’aiment pas beaucoup y penser. Je veux te raconter cette histoire parce que l’on a trouvé des preuves sous forme de dessins rupestres et de sculptures.
Comme je l’ai déjà mentionné‚ parmi les guides spirituels‚ une scission s’était produite. Certains voulurent continuer à enseigner et à éduquer les jeunes gens en harmonie avec notre important héritage spirituel. Le clan du serpent en faisait partie. Mais d’autres‚ dont le clan de l’arc‚ ne voulurent pas continuer ainsi. Ce clan avait déjà agi de la sorte quand il participa à des accords qui conduisirent vers la destruction du troisième monde‚ ce fait étant connu par les Hopis.
Nous connaissons également la forme d’énergie qui fut utilisée pendant ce combat. Les scientifiques de nombreux pays travaillent au développement de telles armes.
Le clan de l’arc affirmait que sa façon de vivre l’avait rendu plus fort et il a provoqué le clan du serpent‚ ainsi que d’autres clans. Ils acceptèrent le défi.
Avant de continuer cette légende‚ je dois te dire encore quelque chose sur le clan du serpent. Nous‚ les Hopis‚ nous sommes les seuls à avoir comme symbole le serpent à six têtes. Une tête est dirigée vers l’est‚ une vers le nord‚ une vers l’ouest‚ une vers le sud‚ une vers le haut et l’autre vers le bas. Il s’agissait des directions spirituelles des différents clans du serpent de cette époque-là. Chacun des six serpents avait sa propre signification et ses propres tâches. Je ne veux pas tous les expliquer ici mais seulement celui qui joue un rôle dans cette histoire‚ à savoir celui qui montre la tête vers le bas‚ qui agit sous la surface de la terre. Nous connaissons vraiment un serpent qui s’enterre sous le sable et que nous appelons serpent des sables‚ il est connu sous le nom de “ Sidewinder ” (un serpent à sonnette du désert). En raison de la puissance de ce serpent‚ le clan du serpent fut “ invité ” à assurer la défense de la ville et tu verras bientôt pourquoi.
Les chefs des deux côtés se rencontrèrent afin de fixer les règles du combat. Il y eut d’importantes querelles comme aujourd’hui parmi les chefs d’états. On se mit d’accord pour que le combat commence deux jours après la fin de la réunion et que chaque côté essaye‚ pendant quatre jours‚ de conquérir la ville de l’ennemi. Le clan de l’arc voulut bien que ce soit le clan du serpent qui commence les hostilités‚ mais ce dernier dit : “ Non‚ vous nous avez provoqués‚ c’est donc vous qui commencerez. ” On s’est mis d’accord ainsi. Le combat devait commencer chaque jour au lever du soleil et se terminer quand le soleil touche l’horizon. Ce ne fut pas une guerre où l’on se bat homme contre homme avec des massues ou des arcs et des flèches. Les villes étaient distantes de 80 à 100 kilomètres l’une de l’autre et il s’est agi d’une guerre scientifique et technologique entre deux groupes très puissants. C’est pourquoi les deux clans n’aiment pas en parler‚ même aujourd’hui.
Pendant les deux jours suivants‚ toutes les préparations furent entreprises et‚ le troisième jour‚ quand le soleil apparut au-dessus de l’horizon‚ le combat commença. Le clan de l’arc bombarda la ville du clan du serpent avec les armes les plus fortes et les plus effrayantes dont il disposait. Ce qu’il utilisa est appelé aujourd’hui de l’énergie électrique‚ similaire à la foudre. Ce clan du serpent s’y était préparé. Le serpent que j’ai mentionné précédemment aida les gens à aller sous la terre et à se protéger avec un bouclier puissant et une sorte d’énergie électrique. Pendant la journée‚ seuls les chefs apparaissaient de temps à autre sous un bouclier pour voir la position du soleil. Ce fut difficile pour tous et tout le monde était soulagé quand le soleil se couchait et que tout redevenait tranquille. Il n’y avait plus ce tonnerre comme à chaque fois que la force puissante touchait le bouclier. On enleva le bouclier et tout le monde put sortir.
Le clan de l’arc savait qu’il n’avait fait aucun mal au clan du serpent et que ce dernier l’attaquerait le lendemain. Et maintenant‚ c’était au tour du clan de l’arc de faire des préparatifs de protection. Le jour se leva et le clan du serpent attaqua la ville du clan de l’arc. Il se donna beaucoup de mal ; ce fut comme un tir avec des explosifs atomiques tant les armes du clan du serpent étaient puissantes ! Mais le clan de l’arc avait également un bouclier puissant‚ car les deux côtés avaient fait d’importants progrès scientifiques. Et ainsi‚ le clan de l’arc put survivre ce deuxième jour. Le troisième jour‚ aucune décision ne tomba‚ mais le clan de l’arc perdit sa chance de victoire. Le quatrième jour arriva et donc la dernière chance de victoire était pour le clan du serpent. Il fit tout son possible mais ne put briser le bouclier de l’adversaire. Après quelques heures‚ dans l’après-midi‚ le clan du serpent décida de tenter quelque chose d’autre pour montrer sa force à l’adversaire. On cessa de tirer et on fit l’usage des capacités du serpent de pouvoir s’enterrer. Ils construisirent un tunnel au-dessous des fortifications du clan de l’arc.
Les gens du clan de l’arc s’étonnèrent que les bombardements s’arrêtent avant le coucher du soleil. Ils se demandèrent ce qui se passait ou si le clan du serpent avait abandonné. Ils étaient encore à se poser ces questions quand le chef du clan du serpent sortit du tunnel et dit : “ Nous sommes ici et vous êtes vaincus. Nous pourrions vous tuer maintenant. Nous n’allons pas vous tuer‚ mais à partir de maintenant votre divinité Sáaviki doit porter un serpent dans la bouche lors de notre cérémonie‚ tous les quatre ans. ” Ce fut la fin du combat.
Dans notre région‚ il y a des dessins rupestres avec un homme portant un serpent dans la bouche et‚ à d’autres endroits‚ se trouvent des sculptures qui montrent la même chose‚ par exemple à Tikal. Pour rester dans notre mémoire‚ la divinité du clan de l’arc porte un serpent dans la bouche pendant la cérémonie Powámuya‚ ici à Oraibi.
C’est ainsi que les Hopis se rappellent ce qui se passa il y a longtemps au Yucatán.
L’éclatement
Après ces temps très troubles à Palátquapi et au Yucatán‚ nous nous sommes désunis. Palátquapi même ne fut pas détruite par la guerre. Les gens sont partis‚ Palátquapi avait perdu sa puissance et fut finalement détruite par un tremblement de terre. C’était quand le serpent fut remonté (parvenu en haut) et les jumeaux commencèrent leur long voyage. Beaucoup de clans reprirent leur migration‚ mais d’une manière isolée les uns des autres. Les Kachinas nous aidaient seulement en nous montrant le chemin. On n’utilisait plus de vaisseaux spatiaux. Cette fois-ci‚ nous devions vraiment nous battre. Nous devions mériter de posséder cette terre.
Ancien dessin gravé sur un rocher près d’Oraibi.
Cette gravure est antérieure à l’invention des avions !
Les migrations s’effectuèrent en direction des quatre points cardinaux. Les gens étaient venus du sud et maintenant‚ sur cette partie du continent‚ ils devaient se diriger vers le nord‚ l’est et l’ouest. Notre peuple était en marche dans toute l’Amérique du Nord. Des ruines et des tombeaux sur l’ensemble du continent attestent de nos mouvements. Nous sommes le seul peuple qui‚ même durant les migrations‚ construisirent des maisons en dur. Le créateur le souhaitait ainsi. Nous ne montions ni tentes ni huttes légères‚ seulement de vraies maisons‚ dans lesquelles nous restions parfois plusieurs années avant de poursuivre notre chemin. De tels lotissements ou leurs ruines montraient aux groupes qui arrivaient après nous que nous étions passés là longtemps avant eux.
D’autres groupes méprisaient l’ordre. Certains commencèrent les migrations et ne les terminèrent jamais ; d’autres restaient sur place quand ils trouvaient une région qui leur plaisait.
Le rocher où les différentes tribus ont gravé leurs symboles
lors des différentes migrations (Grand Canyon)
Ils ne restaient que peu de groupes qui obéissaient toujours aux lois et qui transmettaient les vraies traditions. Tous les autres n’avaient plus la même religion‚ il leur manquait le savoir‚ alors que Táiowa les avait tous créés.
Casas Grande
Les clans s’étendaient sur toute l’Amérique Centrale et l’Amérique du Nord. Les quelques clans qui continuèrent à respecter les lois essayèrent de trouver des guides spirituels. Ils cherchaient des enseignants car ils savaient qu’ils ne pouvaient pas remplir ce rôle eux-mêmes. Alors‚ à nouveau‚ quelques chefs spirituels décidèrent de réunir leurs clans afin d’enseigner aux jeunes générations le plus haut niveau de compréhension concernant les relations entre les hommes et le créateur‚ et enfin pour leur transmettre tous nos merveilleuses traditions qui‚ depuis le premier monde‚ sont restées vivantes à travers et malgré toutes les migrations et les temps difficiles.
A cette époque‚ on construisit la merveilleuse ville que l’on appelle aujourd’hui Casas Grande. Il semblerait que seulement quatre clans importants y aient vécu. Aujourd’hui‚ nous y trouvons les symboles du clan de l’aigle‚ du clan du serpent‚ du clan du maïs et du clan des fantômes. Il reste également des traces pouvant être des symboles d’autres clans.
Je me rappelle bien d’un jour‚ quand j’allais encore à l’école‚ où j’étais assis près de mon père. Il me demanda ce que j’avais appris à l’école. Il ne sembla pas satisfait de ma réponse et commença à me parler de cette ville.
Quand plus tard j’eus la chance de pouvoir la visiter avec mon père‚ je l’ai trouvée exactement telle qu’il me l’avait décrite‚ ainsi que son frère ultérieu-rement. Or‚ ils n’avaient jamais été à cet endroit. Alors comment ont-ils pu la décrire aussi précisément ? Naturellement‚ parce que leurs pères leur en avaient parlé de nombreuses fois. C’est de cette manière que nous gardons nos traditions. Les quatre clans se donnèrent beaucoup de mal pour attirer d’autres clans et‚ pendant un certain temps‚ cette ville devint un centre important. Sa fin arriva quand elle fut attaquée par le clan de l’araignée. Les clans qui habitaient la ville se défendirent avec courage‚ mais quand l’ennemi détourna la rivière qui alimentait la ville‚ ils durent renoncer. Ils n’ont pas capitulé car ils ont creusé un tunnel par lequel ils se sont tous sauvés. Les Kachinas ne les accompagnaient pas car‚ comme je l’ai déjà dit‚ ces derniers pouvaient se rendre invisibles pour quitter la ville. Cette ville fut le dernier grand lieu de rassemblement avant la réunification finale‚ ici à Oraibi.
Oraibi
Shungópovi est (avec Oraibi) un des plus ancien village du continent américain
ayant été habité continuellement depuis sa fondation
Il est connu que d’ici viendra la vraie connaissance. Oraibi est le plus vieux village de ce continent ayant été habité continuellement depuis sa fondation. Même les scientifiques furent obligés de l’admettre‚ d’une certaine façon. Ils ont examiné le bois ayant servi à la construction de nos maisons et ont conclu que le village fut créé vers 1150. Cela vous semble peut-être vieux‚ mais pour nous ce n’est que quelques siècles. Les archéologues ont jugé‚ d’après le bout de bois le plus vieux qu’ils ont trouvé‚ mais en réalité trois villages se trouvent en-dessous des bâtiments actuels et le premier village fut fondé il y a 4.000 ans. Oraibi ne fut pas le premier village de cette région. Le tout premier s’appelait Shungópovi et se trouvait au pied de la falaise du deuxième plateau‚ en-dessous du village actuel qui porte le même nom. Après quelques temps‚ il y eut une dispute entre deux frères à propos de la femme de l’un d’eux. Le plus jeune‚ Machito‚ décida de quitter le village et de fonder son propre village. Il l’appela Oraibi‚ et il s’appelle encore ainsi aujourd’hui. Comme Machito faisait partie du clan de l’ours et connaissait toutes les traditions de ses ancêtres‚ il apporta quelque chose qui‚ aujourd’hui‚ représente la possession la plus précieuse des Hopis‚ c’est-à-dire les quatre tablettes (planches) sacrées. Ce sont ses aînés qui les lui ont remis quand il décida de fonder son village.
Seconde tablette du Clan de l’Ours (recto-verso)
Plusieurs centaines d’années s’écoulèrent avant que tous les clans qui devaient venir soient arrivés. Déjà‚ longtemps avant la fondation d’Oraibi‚ les clans qui devaient venir s’installer ici avaient été choisis. Mais même ces clans choisis ne purent venir quand ils le désirèrent. Ce sont leurs Kachinas qui devaient leur dire : “ Maintenant‚ il est temps pour vous d’y aller ”‚ et ils sont venus. Ce fut la dernière fois que les êtres humains purent voir leurs divinités. A partir de là‚ d’autres Kachinas furent désignés pour rester avec les clans‚ mais seulement sous une forme spirituelle‚ et non plus corporelle‚ ne l’oublie pas. Chaque clan qui désirait venir à Oraibi devait d’abord s’installer à quelques kilomètres d’ici. Il y a de nombreuses ruines dans les environs qui furent de tels sites provisoires. Après un certain temps‚ les clans pouvaient envoyer leurs représentants pour rencontrer nos chefs afin de demander la permission de pouvoir s’installer ici durablement. Ils devaient raconter toute leur histoire passée‚ l’histoire de leurs migrations‚ où ils étaient allés‚ ce qu’ils avaient fait et s’ils avaient suivi les lois divines. Toute leur histoire complète devait être rapportée à mes pères du clan de l’ours. Mais‚ pour pouvoir être acceptés‚ il ne suffisait pas d’avoir terminé la migration‚ les clans devaient aussi préciser comment ils pensaient participer aux cérémonies successives annuelles. Il existe un cycle annuel qui n’est complet que si toutes les cérémonies de chacun des clans sont représentées et si l’ensemble se complète. Par conséquent‚ un clan qui voulait s’installer à Oraibi devait être en mesure de contribuer à notre cycle‚ avec sa propre cérémonie.
Les premiers clans qui arrivèrent après le clan de l’ours furent le clan des fantômes (clan du feu)‚ le clan de l’araignée et le clan du serpent. Tous ces clans réunis ne représentaient pas un très grand nombre d’habitants‚ car seuls les clans choisis étaient ceux qui vivaient en concordance avec le plan du créateur.
Certains clans ne purent être acceptés‚ bien qu’ayant la même origine que nous‚ mais ils n’avaient pas terminé leur migration. Ils s’installèrent dans les environs et on les désigne aujourd’hui comme les tribus pueblos. Bien sûr‚ le mot pueblo est d’origine espagnole‚ mais nous‚ nous leur donnons toujours leur vrai nom‚ comme par exemple les Si’os‚ que l’on appelle maintenant souvent Zuni‚ ou les Lagunas‚ les Pawaatees et les Hóotitim‚ entre autres.
Cérémonie chez les Indiens Pueblos de Santa Clara
D’autres clans ne purent être acceptés pour d’autres raisons‚ notamment le clan Aása. Ses membres vécurent un certain temps dans le Chaco Cañon‚ puis ils souhaitèrent venir ici. Ils nous montrèrent leur cérémonie‚ mais nos chefs dirent : “ Non‚ nous n’en n’avons pas besoin. ” Alors ils se sont souvenus des champs fertiles quelque part dans le Sud et ils y sont retournés. Beaucoup plus tard‚ ils sont devenus le grand peuple des Aztèques. Comme je te l’ai déjà dit‚ le clan Aása s’appelait à cette époque-là Astak‚ et les Espagnols en firent Aztèques. Quelques membres sont restés dans les environs‚ et c’est pourquoi nous avons toujours un clan Aása.
Troisième tablette du Clan de l’Ours (recto-verso)
Plusieurs siècles passèrent avant que nous soyons tous réunis. Mon clan‚ le clan des coyotes‚ arriva en dernier. Le clan des coyotes arrivait toujours à la fin. C’était déjà le cas en quittant Kásskara pour venir sur ce continent‚ et ce fut pareil à Oraibi. Cela ne veut pas dire que nous sommes lents‚ mais simplement que c’est notre destin. C’est comme un signal quand le clan des coyotes arrive : c’est la fin‚ après ça plus personne ne sera accepté. C’est aussi la raison pour laquelle les Kachinas portent une queue de renard dans le dos. Quand‚ après cette grande marche de Sikyátki‚ nous sommes arrivés à Oraibi‚ nous étions encore une fois les derniers‚ et plus personne ne vint à Oraibi après nous.
Comme tu le sais‚ Oraibi se trouve dans une région sèche et il n’est pas facile de comprendre pourquoi nous nous sommes installés ici définitivement. Laisse-moi te dire la raison : le clan de l’ours n’est pas venu dans cette région par hasard. C’est sa divinité qui le lui a demandé‚ car ici se trouve le centre de l’univers. En réalité‚ il se trouve à environ trois kilomètres au sud d’Oraibi‚ dans la vallée. L’endroit s’appelle Tuwánassáwi. Des gens du clan des Kachinas y ont vécu‚ il reste encore des ruines. Je ne t’en dirai pas plus‚ nous n’en parlons pas à d’autres gens.
Aujourd’hui‚ notre village tombe en ruines‚ parce que nous nous trouvons à la fin d’une période. Nous le reconstruirons dans le cinquième monde‚ mais ce sera à un autre endroit. Peut-être notre Oraibi actuel sera reconstruit comme lieu de souvenir national‚ mais il ne s’agit pas de la reconstruction d’Oraibi dans le cinquième monde dont je viens de parler.
Je voudrais répéter ici un point important : seulement quand un clan avait la permission de s’installer ici définitivement‚ les membres devenaient des Hopis‚ ceux qui sont restés fidèles aux lois du créateur‚ les rares élus‚ sont venus ici et sont devenus des Hopis.
Tant que nous étions en migration‚ on nous appelait le peuple d’alêne‚ ce qui se dit dans notre langue “ Móochi ”. Bien sûr‚ les Espagnols ont encore une fois mal prononcé ce mot et nous ont appelés Moquis. Pendant des millénaires‚ nous étions un petit peuple parmi les nombreuses tribus. Il y eut toujours des épreuves‚ des échecs et des tentations‚ et beaucoup furent éliminés.
Même ici nous avons eu nos problèmes‚ même encore aujourd’hui. Je te rappelle seulement les disputes parmi notre peuple il n’y a pas si longtemps‚ comme à l’époque de Patátquapi. Comme les disputes‚ les séparations de Patátquapi se répétèrent quand des gens sont partis d’Oraibi et fondèrent Hotevilla‚ puis Bakávi‚ et sont partis à Móenkopi et Kyákostsmovi. Vois-tu comment l’histoire se répète ?
Parmi les autres événements‚ c’est l’arrivée des Espagnols qui a bien sûr tout changé. Mais avant de t’en parler‚ je veux d’abord te raconter l’histoire de Húck’ovi.
Húck’ovi
J’ai entendu cette histoire très souvent depuis ma plus tendre enfance. Húck’ovi se trouve sur le prochain plateau‚ de l’autre côté des basses terres‚ juste en face d’Oraibi. Nous gardons ce souvenir vivant‚ car il nous montre ce qu’il va arriver au monde entier. Nous saurons quand le temps sera venu‚ car tout se passera à nouveau comme ça.
Le village fut fondé par le clan du front. C’est un des trois clans qui ont un rapport avec la chaleur et l’énergie. C’est la chaleur qui détruit et c’est la chaleur qui purifie‚ c’est pourquoi ces clans sont si importants. Par ordre de puissance‚ il y a d’abord le clan du feu‚ puis le clan du soleil‚ puis le clan du front. Leur divinité est Macháqua‚ le crapaud à cornes. Nous trouvons le signe du crapaud à cornes de nombreuses fois dans les dessins rupestres et les rochers‚ en bas. En ce qui concerne le clan du feu‚ on sait ce qu’il a fait avec le premier monde‚ il l’a détruit. Le clan du front reçut son nom durant la migration. Ce fut le dernier des trois clans qui arrivèrent au Pacifique. Les deux autres clans furent là bien avant et c’est pourquoi le clan du front devait se dépêcher pour arriver ici‚ dans cette région. Les gens de ce clan ne pouvaient reposer leur front qu’une nuit sur la plage‚ puis ils devaient prendre le chemin du retour. Et comme ils furent en retard et durent se presser‚ ils ont moins de considération et de puissance que les deux autres.
Le temps arriva où les gens n’écoutèrent plus leur chef dans leur village‚ jusqu’à lui désobéir et lui manquer de respect. D’après une vieille coutume‚ on ne peut régler une telle chose que par le départ des gens et la destruction du village. C’est ce qui s’est passé avant‚ avec le troisième monde‚ puis avec Táotoóma‚ Palátquapi‚ Casas Grande - ça se répète sans cesse. Et ça se répète aujourd’hui dans le monde entier‚ pense à toutes les disputes‚ contradictions et au manque de respect. C’est pourquoi nous‚ les Hopis‚ nous savons que la fin du quatrième monde arrivera bientôt. Nous en sommes proches.
Donc‚ on a pris la décision de détruire le village par un feu et une explosion après une dernière cérémonie. Certains ne crurent pas au feu et à l’explosion et restèrent au village pour voir ce qui allait se passer. D’autres sont partis avant la cérémonie. Trente hommes et trente femmes participèrent à la cérémonie. Chaque femme portait un plateau tressé sur lequel se trouvait de la farine de maïs pressée‚ avec un trou au milieu. Autour du trou‚ il y avait deux anneaux‚ l’un d’hématite rouge‚ l’autre d’hématite jaune. La masse jaune avait peut-être un rapport avec l’uranium que l’on a découvert à l’est de chez nous. Du trou sortait une flamme‚ quand la flamme s’étend‚ ou plutôt quand la flamme descend dans le trou‚ il y a une explosion‚ mais ça plus tard.
Le groupe de femmes et d’hommes arriva à travers les rochers par le côté ouest du village. Les femmes posèrent leur plateau à l’intérieur d’un cercle sur la place du village. Un des plateaux fut donné au chef. Il le prit et alla dans une maison pour le bénir. Puis il sortit rejoindre les hommes et les femmes qui avaient quitté le village plus tôt et les hommes et femmes qui avaient participé à la cérémonie partirent avec lui.
Comme je te l’ai dit‚ quelques hommes et femmes ne crurent pas quand on les mit en garde et ils restèrent. Quand les flammes disparurent dans les trous‚ il y eut une grande explosion et une chaleur intense‚ et tout le village et les gens qui étaient restés périrent. Même certains de ceux qui étaient partis plus tôt furent incommodés par la chaleur et il fallut les porter.
Les survivants ne purent aller à Oraibi parce que le temps n’était pas encore venu. Comme je te l’ai déjà dit‚ uniquement ceux qui pouvaient venir à Oraibi étaient ceux pour lesquels les Kachinas avaient déterminé le bon moment. C’est ainsi que le clan du front continua sa migration. Plus tard‚ ce clan fut le dernier à être accepté parmi les clans du feu. L’événement de Húck’ovi s’est déroulé il y a plus de 3.000 ans. Nous avons toujours une chanson concernant cet événement. On n’y dit pas pourquoi Húck’ovi fut détruite‚ mais seulement ce qui arriva après l’explosion. On chante cette chanson lors de la cérémonie de Húck’ovi‚ mais en fait il s’agit d’une mise en garde pour le monde entier. Dans cette région‚ un seul village fut détruit‚ et les gens qui sont partis à temps furent sauvés. Mais dans la chanson on dit que les gens vont de village en village et ne trouvent pas de refuge. Ils ne le trouveront nulle part‚ car ça brûle partout. Il n’y a pas de remède‚ car ce sera le feu qui détruira notre quatrième monde. Ce ne sera pas une guerre atomique‚ mais une arme électrique que l’on est en train de développer et qui sera découverte bientôt. Je ne sais pas comment agira cette arme exactement‚ mais elle enverra quelque chose qui ressemble à des ondes radio et ça partira d’une station et ça ira partout.
Arrivée des Espagnols à Oraibi
Quand les Kachinas sont partis‚ ils nous ont dit de ne pas oublier qu’il y aura‚ un jour‚ des gens d’un autre pays qui viendront nous voir pour nous parler d’une autre croyance. Ils ont donné à mes pères du clan de l’ours un bâton d’environ deux mètres de longueur sur lequel ils nous demandaient de marquer chaque année qui passait. Le bâton était de couleur noire et‚ chaque année‚ au moment de Soyál‚ nous y avons fait un trait blanc. Les gens d’un autre pays devaient venir quand le bâton serait couvert de traits du haut jusqu’en bas. Les Kachinas nous avaient demandé de rencontrer ces gens à un endroit appelé Kowáwayma‚ qui se trouve sur le Rio Grande‚ à environ cinquante kilomètres au nord d’Albuquerque. Là-bas se trouve maintenant une ruine avec‚ à l’intérieur‚ une belle et grande peinture dont j’ai copié une partie pour “ Le livre des Hopis ”. C’est d’ailleurs le même endroit où les Navajos s’arrêtèrent sur leur chemin de retour après avoir été libérés de prison. Ils cassèrent leurs flèches‚ les posèrent dans les ruines et ont juré de ne plus jamais causer d’ennuis aux Hopis.
Si les étrangers ne venaient pas cette année-là‚ nous devions encore ajouter cinq années sur un nouveau bâton et le lieu de rencontre‚ dans ce cas‚ devait être Sikiá’ova‚ ce qui veut dire “ pierre jaune ”. Cet endroit se trouve près de la vieille route menant vers Oraibi. Si‚ après ce délai‚ ils n’étaient toujours pas là‚ nous devions les rencontrer cinq ans plus tard à un endroit plus haut‚ sur la route qui s’appelle Chiwáchukha‚ ce qui veut dire “ glaise durcie ”. Après cinq autres années‚ nous devions les rencontrer à un endroit appelé Nahúyangowasha‚ “ champs croisés ”. Après encore cinq ans‚ comme dernier lieu de rencontre‚ fut fixée une place sur le bord de la falaise à l’est d’Oraibi. Le nom de cette place est Táotoóma.
Quand le premier bâton fut rempli‚ les gens n’étaient toujours pas venus. Cinq ans passèrent encore‚ et toujours rien. Ainsi passèrent cinq années après cinq années. D’après notre tradition‚ c’est Pahána‚ le frère‚ qui devait conduire ces gens sur notre continent. Pahú veut dire “ eau ”‚ mais nous ne le prononçons pas entièrement‚ nous le contractons et ne disons que “ pa ”‚ et la syllabe “ ha ” signifie “ un voyage sur l’eau ”‚ c’est-à-dire avec un bateau. Pahána est donc “ l’homme qui traverse l’eau avec un bateau ”‚ ce qui montre que plusieurs millénaires avant l’événement on savait déjà que les gens viendraient en bateau et non sur des boucliers volants.
Nos gens commencèrent à se faire du souci que personne n’arrivât. Le grand retard signifiait que ce n’était pas les gens attendus qui viendraient. Enfin‚ avec un retard de vingt ans‚ ils arrivèrent et nous nous préparâmes à les attendre à Táotoóma‚ comme on nous l’avait demandé. Tu te rappelles sûrement que Táotoóma était aussi le pays du continent qui sortait de l’eau‚ l’endroit “ qui fut touché par le bras du soleil ”. Les étrangers arrivèrent donc à cet endroit qui portait le même nom. Il y a longtemps‚ ce nom signifiait un nouveau commencement‚ et cette fois-ci‚ ce fut aussi un nouveau commencement.
Comme je l’ai dit‚ ce retard de vingt ans inquiétait mon peuple et quand les Espagnols arrivèrent‚ tout avait été préparé pour les recevoir. Nos anciens et les chefs religieux vinrent pour les accueillir. Les étrangers portaient des armures et toutes leurs armes‚ mais nous n’avions pas peur. Nous pensions encore qu’il s’agissait de frères‚ d’êtres humains civilisés. Puis la tragédie commença. Le chef d’Oraibi tendit sa main pour un “ nackwách ”‚ le signe de la vraie fraternité. Si l’homme en face avait compris ce signe‚ tout aurait été bien. Mais quand le chef tendit sa main‚ l’Espagnol crut qu’il voulait un cadeau et lui donna des babioles sans valeur.
Ce fut un coup dur pour les Hopis‚ les étrangers ne connaissaient pas le signe de la fraternité ! Notre peuple prit alors conscience qu’à partir de ce moment le malheur s’abattrait sur les Hopis. Et cela s’est passé ainsi‚ nous l’avons vécu.
LEGENDES
Yucca-Boy
Pendant un certain temps‚ quelques-uns de nos clans vécurent encore à Palátupka‚ dans le cañon Rouge‚ qui s’appelle aujourd’hui Cañon de Chelly. Les clans importants qui s’y installèrent avant de venir ici‚ dans nos villages hopis‚ furent le clan du soleil‚ le clan du maïs et le clan des nuages. En plus‚ il y avait le clan du feu et le clan du roseau. Le petit clan du Yucca était peu connu‚ avec seulement quelques membres. Ils migraient et s’installaient toujours avec d’autres clans et‚ à l’époque‚ ils s’installèrent dans un petit cañon latéral.
Le village de Walpi situé sur la première Messa
Dans une des familles naquit une fille qui‚ en grandissant‚ devint une très gentille jeune fille‚ courageuse et serviable‚ et tout le monde l’aimait bien.
Un jour‚ très loin à l’ouest (l’endroit exact n’est pas connu)‚ il y eut une irruption volcanique. Des nuages noirs couvrirent le pays et‚ pendant trois ans‚ il n’y eut plus de pluie. Le maïs‚ les haricots‚ courges et autres légumes desséchèrent. Rien ne poussa plus et les gens furent obligés d’aller dans le désert pour chercher quelque chose à manger. Tout le monde souffrit beaucoup. Les parents de la fille étaient trop vieux pour y aller. C’est donc la fille qui alla chercher de la nourriture pour tous les trois.
Avant de partir‚ elle remplit une cruche avec l’eau qui continuait à couler faiblement sous un rocher. Quand elle ne trouvait pas de nourriture‚ elle ne rentrait pas et restait dormir dehors pour poursuivre sa recherche le lendemain. La troisième année‚ la famine fut si grande que la fille fut obligée d’aller de plus en plus loin. Un jour‚ elle décida d’aller encore plus loin‚ là où personne n’avait jamais été avant elle. Elle se dirigea vers le nord‚ vers une colline‚ et pendant trois jours elle ramassa ce qu’elle trouvait‚ quand elle arriva à un joli endroit rempli de céréales et de baies séchées qui étaient encore mangeables. En fin d’après-midi elle mangea puis décida de passer la nuit et de dormir près d’une falaise. Quand elle s’installa‚ il lui sembla entendre un bruit‚ mais ne voyant aucun animal elle s’endormit dans le sable fin. Le lendemain matin‚ pensant qu’elle avait trouvé à manger‚ elle décida de rentrer lorsqu’elle entendit de nouveau le bruit de la veille. Elle se dirigea vers la colline et un étranger vint à sa rencontre. C’était un beau jeune homme dans un habit magnifique. Bien sûr‚ depuis longtemps‚ son peuple connaissait les Kachinas‚ mais depuis l’arrivée des nuages noirs‚ ces derniers semblaient avoir disparu. Quand il fut près d’elle‚ elle comprit ce qu’elle avait entendu la veille. Sa poitrine et son corps étaient couverts de coquillages qui tintaient en marchant.
Mais maintenant c’était le matin et elle n’avait absolument pas peur.
Il s’adressa à elle en disant : “ Je vois que tu as ramassé suffisamment à manger pour ta famille. ” Sa voie était douce et gentille et il semblait au courant de la famine. Elle répondit : “ Oui‚ c’est la première fois que je suis allée aussi loin et que j’ai trouvé autant. ” “ Oui‚ je comprends‚ nous vous avons observé tout ce temps et nous savons ce qui est arrivé. ”
Elle demanda d’où il venait et il répondit : “ Nous sommes les initiés et nous n’habitons pas sur cette terre. Nous venons d’une planète très éloignée‚ mais nous surveillons tout le pays. Vous allez surmonter ces temps difficiles‚ cela fait partie des changements qui interviennent actuellement sur la terre entière. ” La jeune fille fut tellement étonnée qu’elle ne posa plus de questions. Il continua : “ Cela va te sembler étrange‚ mais d’où je viens tout est beau et vert. ” Après s’être assis tous les deux‚ elle parla de son peuple et lui du sien. Ce fut une conversation merveilleuse et il demanda‚ au bout d’un moment : “ Tu n’es pas rentrée aujourd’hui. Tu ne te fais pas de soucis pour tes parents ? ” “ Non‚ c’est tellement intéressant de connaître quelqu’un comme toi‚ quelqu’un qui est si bien nourri. ” Il répondit : “ Je sais que cela t’étonne‚ mais nous ne mangeons pas de votre nourriture‚ nous vivons de l’esprit qui est dans la nourriture‚ c’est comme la rosée sur les perces-neige et il y en a beaucoup dans l’univers. ”
Puis le jeune homme demanda si elle avait faim. Elle voulut faire cuire quelque chose de ce qu’elle avait trouvé‚ mais le jeune homme lui offrit quelque chose qu’il lui avait apporté. C’était du maïs sucré‚ cela faisait longtemps qu’elle n’en avait pas mangé. Ils restèrent ensemble jusqu’à la tombée de la nuit et décidèrent de passer la nuit au même endroit et de partir ensemble le lendemain.
Il l’accompagna un bout de chemin et‚ quand elle arriva chez ses parents‚ elle leur donna tout ce qu’elle avait trouvé‚ et le maïs que le jeune homme lui avait donné. Elle raconta ce qui lui était arrivé mais ils décidèrent de n’en parler à personne.
Après un certain temps‚ la jeune fille retourna chercher de la nourriture et elle se dirigea vers la colline. Le jeune homme était là et l’attendait. Mais l’hiver arrivait et chacun savait qu’il serait encore plus difficile de trouver de la nourriture. Elle y retourna une troisième et dernière fois et le jeune homme lui donna une cruche remplie de graines. Il lui expliqua qu’elle devait conserver ces graines à l’intérieur de la maison et qu’elle devait en répandre un peu dans le noir total. Elle devait mettre les graines qui sortaient les premières de la cruche dans un panier et quitter la pièce. Quand elle y retournerait‚ les graines se seraient multipliées.
Elle fit comme il lui avait demandé et‚ chaque fois qu’elle retourna dans la pièce‚ c’était une surprise. Une fois il y avait des haricots‚ une autre fois des graines de courges et parfois du maïs. A chaque fois la corbeille était remplie. Cette cruche‚ que nous appelons la “ cruche sacrée ” ”‚ nourrit la famille tout l’hiver. Comme elle n’avait toujours pas raconté aux autres ce qui lui était arrivé‚ elle sortait parfois pour faire semblant d’aller chercher de la nourriture.
Au printemps‚ la jeune fille s’aperçut qu’elle attendait un enfant. Elle en fut étonnée et en parla à sa mère qui se fit aussitôt du souci par rapport à ce que les gens allaient penser. L’étranger était le seul homme qu’elle avait connu et à qui elle avait parlé‚ mais elle n’avait pas eu de relations avec lui. La mère était‚ elle aussi‚ soucieuse et un peu honteuse. Un jour‚ la fille décida : “ Nous allons dire que j’ai rencontré un étranger et que j’ai eu des relations avec lui. ” Un matin‚ l’enfant vint au monde. C’était un garçon. Toute la famille fut heureuse et l’accueillit bien. Après vingt jours‚ il fut temps de lui laver les cheveux. C’est un événement important dans la vie des Hopis. La famille était soucieuse car cette cérémonie doit être faite par les parents du père. Mais qui était le père et où était-il ?
Alors quelque chose d’étrange se produisit. Quand la mère de la jeune fille se décida à laver elle-même les cheveux de l’enfant‚ le brouillard se leva dans le cañon. C’était la réponse. Les initiés étaient venus pour laver les cheveux de l’enfant. Le brouillard fut le plus épais à l’endroit où la famille habitait‚ puis le brouillard devint de la pluie. Comme la mère du père n’était pas là pour donner un nom à l’enfant‚ c’est donc la mère de la mère qui donna comme nom “ Silíomoho ”‚ car la mère était du clan du Yucca‚ et elle donna le nom de la plante de Yucca qui y poussait beaucoup plus haut qu’ici‚ dans cette région.
La pluie était revenue‚ ce fut la fin de la famine. L’enfant était magnifique et grandissait de manière superbe. Quand il fut devenu un beau jeune homme‚ il demanda la permission d’aller chasser seul. Il se dirigea vers le nord‚ vers la colline‚ mais c’est seulement le troisième jour qu’il réussit à tuer un animal. Il se prépara un bon repas et mit le reste de la viande à sécher. Le lendemain‚ quand il se réveilla‚ un jeune étranger se tenait à côté de la viande. Il lui dit : “ Tu es enfin venu pour chasser. ” Sa voix était amicale et Silíomoho lui répondit : “ Oui‚ c’est la première fois que je chasse seul. ” “ Oui‚ je sais‚ je te connais bien ” répondit l’étranger. Silíomoho fut étonné : “ Tu me connais ? ” “ Oui‚ mais le temps n’est pas encore venu pour te dire qui je suis. ” Le soir‚ la viande fut presque sèche et l’étranger aida Silíomoho à la porter et lui demanda de le suivre. Il le fit monter le versant abrupt de la colline. Il faisait presque noir quand ils arrivèrent au sommet. Là‚ il y avait une maison‚ exactement comme nos kivas‚ mais plus grande. L’étranger le fit entrer. Il entendit des voix et‚ en descendant l’échelle‚ il vit un groupe de femmes et de filles Kachinas assises le long du mur. La plupart des femmes étaient des Hahá-i‚ les plus gentilles des femmes Kachinas. Elles lui souhaitèrent la bienvenue et il s’assit près des hommes‚ au milieu de la pièce. On lui servit un bon repas et l’étranger lui dit : “ Comme tu es venu dans notre maison‚ je veux te dire que nous sommes nombreux sur toute la terre‚ et moi je suis ton père. ” Silíomoho fut incapable de parler. C’était donc ça‚ son père était l’un des initiés‚ c’est pourquoi sa mère et ses grand-parents ne lui avaient rien dit. Son père lui dit : “ Le temps n’est pas encore venu pour te dire exactement qui je suis et ce que je fais.
Cérémonie d’Indiens Hopis habillés en Kachinas
en haut d’une Kiva (dans les années 1920)
Tu es un être humain et tu n’es pas encore l’un des nôtres‚ mais tu le seras un jour. Mais maintenant‚ tu dois passer trois épreuves. Nous allons voir si tu vas survivre. ” Pendant les trois nuits suivantes‚ le garçon dut choisir soigneusement des endroits pour passer la nuit et il fut assailli par des bêtes sauvages et des tempêtes terribles. Mais comme il avait‚ à chaque fois‚ bien choisi son emplacement‚ il réussit à survivre et à passer les épreuves avec succès.
Le matin‚ après la troisième nuit‚ son père apparut et lui dit : “ J’ai tout le temps espéré que tu survives. Je t’ai mis à l’épreuve de toutes mes forces‚ mais maintenant je sais que tu es fort. Tu dois être fort‚ car l’avenir apportera beaucoup de difficultés pour ton peuple. ” Ils retournèrent à la kiva ensemble où Silíomoho fut reçu avec beaucoup de chaleur et de gentillesse. On lui servit un bon repas et beaucoup de Kachinas chantèrent et dansèrent pour lui. Après une bonne nuit‚ son père arriva : “ J’ai déjà fait mon travail ce matin. J’ai béni la terre avec de la rosée et maintenant nous pouvons partir car ta mère et tes grand-parents doivent se faire du souci pour toi. ” Puis il prit le paquet avec la viande séchée que le garçon avait préparée et ils prirent le chemin du village du garçon. Près du village‚ ils s’arrêtèrent et le père dit : “ Maintenant‚ tu dois continuer seul. Je vais t’aider à porter ton paquet mais tu ne me verras pas. ” Le père était devenu invisible. Le garçon fut accueilli avec joie. La mère partagea tout de suite la viande avec ses voisins. Puis Silíomoho raconta ce qui lui était arrivé‚ tout ce que son père lui avait appris concernant l’avenir difficile de leur peuple et que plus tard‚ dans sa vie‚ lui Silíomoho deviendrait le chef d’une planète très éloignée. Le nom de son père était Hólolo.
Par la suite‚ chaque fois qu’il y avait du brouillard dans le cañon‚ les gens disaient “ c’est Hólolo‚ le père de Silíomoho. ” Et même encore aujourd’hui‚ nous appelons le cañon de Chelly‚ cañon du brouillard. Silíomoho devint un membre important et plus tard un chef apprécié de son peuple. Ses capacités furent d’une grande aide. Il pouvait prédire quand il pleuvrait ou combien il y aurait de neige‚ quand ils devaient semer et comment conserver les récoltes.
Ce don fut un cadeau de son père.
L’ENERGIE
A Kásskara‚ toute la puissance et l’énergie dont nous avions besoin provenaient du soleil. Nous pouvions en bénéficier partout et les lignes électriques n’étaient pas nécessaires. Mais je ne sais pas comment cela fonctionnait.
Nous avions un appareil‚ en fait nous en avions beaucoup‚ avec un cristal à l’intérieur pas plus gros qu’un pouce. A l’époque‚ les gens n’avaient pas besoin de travailler la pierre avec un burin‚ pendant des jours. Tout ce qu’ils avaient à faire‚ c’était d’orienter l’appareil par rapport au soleil et ils pouvaient fendre la pierre avec l’énergie solaire.
Tous les sons étaient mémorisés dans des cristaux. Tous les enregistrements du troisième monde se trouvent dans une grotte en Amérique du Sud. Ma grand-mère me l’a dit un jour mais personne ne sait plus où elle se trouve. Si la grotte était découverte un jour‚ je pourrais tout reconnaître à l’intérieur.
Quand nous sommes venus sur ce continent‚ nous avons bien sûr emmené de tels appareils‚ ainsi que toutes nos connaissances. Là-bas‚ en Amérique du Sud‚ les gens pouvaient soulever d’énormes blocs de roche en tendant les mains sans y toucher. Aujourd’hui‚ on est étonné et on ne comprend pas comment les gens ont pu bâtir de telles villes‚ mais à l’époque c’était facile.
La plus grande efficacité des capacités de l’être humain se trouve dans le bout des doigts. Ils peuvent émettre beaucoup de force et en absorber autant. Pense aux hommes-médecine qui posent leurs doigts sur ton corps et sentent toutes les vibrations. Ils ressentent aussi les vibrations qui ne devraient pas s’y trouver et localisent ainsi la maladie.
A une certaines époque‚ on utilisait aussi le mercure‚ mais je ne sais pas exactement dans quel but. D’après notre tradition‚ il en existait deux sortes‚ une liquide et une solide. Il y aurait un rapport avec la chaleur et l’équilibre‚ mais je ne sais pas si‚ au point de vue scientifique‚ cela signifie quelque chose pour toi. Les gens du clan “ deux cornes ” l’ont utilisé‚ c’est ce que m’a dit un homme du clan de l’arc.
Les gens avaient techniquement un niveau élevé‚ mais ils n’ont jamais utilisé la force pour détruire des vies. Tout ce savoir s’est progressivement perdu et les gens ont dû travailler de plus en plus dur. Aujourd’hui‚ toutes ces bonnes choses sont dissimulées et nous voyons avec étonnement ce que l’on a réussi à faire dans le passé. Pour comparer‚ on pourrait dire que c’est aujourd’hui que nous vivons dans une époque sombre.
LES SYMBOLES
Le symbole du plan de vie des Hopis
Quand nous sommes installés en Amérique du Sud‚ après notre arrivée‚ nous avons commencé à documenter notre présence. Nous avons exprimé notre savoir historique et spirituel à travers des symboles. Nous en faisons autant aujourd’hui‚ car nous avons hérité ces symboles de nos pères et nous connaissons le sens des chiffres et des lignes. Nous savons ce qu’ils signifient et ce que l’on peut exprimer à travers ces symboles.
Nous avons laissé nos symboles partout où nous avons vécu ou migré. On peut trouver les preuves de notre savoir dans toute l’Amérique du Sud jusqu’au continent nord-américain : des dessins rupestres‚ des céramiques‚ des bâtiments. Les gens disent que nous n’avions pas d’écriture. Mais c’est justement notre écriture et ce sont nos messages qui sont présents partout sur les deux continents et qui n’ont pas encore été détruits.
Nous avons écrit nos symboles sur de la roche car elle n’est pas facile à détruire par le temps. Nous avons décoré nos céramiques avec des symboles et nous en faisons toujours autant aujourd’hui. A chaque fois que nous avons quitté une installation provisoire‚ pendant nos migrations‚ nos enfants brisaient dans tout le village toutes les céramiques et les laissaient comme un legs. La céramique ne peut pas être détruite. On peut la briser mais les morceaux restent toujours. D’autres peuples et des générations futures viendront et les trouveront‚ et ils sauront que nous avons été là avant eux.
Et il y a les bâtiments‚ les ruines. Si on fait attention à certains signes caractéristiques‚ alors on peut les trouver partout en Amérique du Sud et ici. Par exemple‚ il existe des tours‚ des tours circulaires et des tours carrées. La tour ronde est le symbole féminin‚ la tour carrée le symbole masculin.
La forme en T ou le trou de serrure est très importante. Nous l’avons depuis le premier monde. Cette forme est un symbole pour le plan du créateur. C’est pourquoi les fondations de nos kivas ont cette forme en T. Et comme je parle justement des kivas‚ je veux ajouter quelques autres significations symboliques de cette construction. L’étage inférieur représente le premier monde‚ l’étage supérieur le deuxième monde‚ et l’ensemble‚ de l’arrière jusqu’au devant‚ représente le troisième monde. Sur le toit plat se trouve une plate-forme surélevée qui représente notre monde actuel‚ le quatrième monde. Maintenant‚ tu comprends pourquoi les kivas sont si importantes pour nous.
Et naturellement‚ il existe les grands édifices du passé. Les références aux multiples mondes ne manquent pas. Combien de symbolisme et de savoir sont exprimés à travers eux. La référence aux différents mondes se trouve partout‚ dans le nombre d’étages des pyramides‚ le nombre des portes sur les toits des bâtiments : les trois mondes du passé‚ le quatrième‚ le monde actuel‚ le cinquième monde et les sept mondes que l’humanité doit traverser au total. Même les neuf mondes sont mentionnés‚ à savoir les deux mondes appartenant au créateur. Et les sculptures et la position des bâtiments. Nous pourrions écrire un livre supplémentaire sur la signification des découvertes dans les ruines mexicaines et sud-américaines. Je t’ai déjà parlé de la forme en T à Teotihuacan‚ de la signification des degrés‚ pourquoi il y a un trou dans l’édifice de la pyramide du soleil et la signification des serpents des deux côtés des marches. Dans toute chose il y a une signification‚ et l’histoire est inscrite partout. Nous sommes des gens ayant une orientation spirituelle et les historiens et les archéologues doivent se rendre compte qu’ils devront d’abord nous comprendre‚ avant de pouvoir expliquer les ruines.
A l’époque actuelle‚ nous portons ces chiffres symboliques avec nous ou plutôt dans nous. Pas dans une forme matérielle mais d’une manière plus subtile. Par exemple‚ pendant une cérémonie‚ quand des Kachinas dansent sur la place du village‚ ils forment leurs groupes à seulement trois endroits‚ pour montrer les trois mondes que nous avons traversés. Ils ne peuvent pas former un quatrième groupe puisque le quatrième monde n’est pas terminé. Je dois également mentionner les chants que nous chantons pendant les cérémonies. Un tel chant comporte cinq strophes‚ ce qui signifie que nous allons nous rendre dans le cinquième monde. Comme tu le vois‚ les Hopis savent exactement où ils se situent dans le plan des mondes : entre le troisième qui a été détruit‚ et le cinquième‚ le prochain monde que nous devons atteindre. Nous savons que nous nous trouvons dans le quatrième monde situé au milieu de sept mondes que nous devons traverser au total. Nous n’avons pas besoin de le dire‚ car tout est exprimé symboliquement dans nos cérémonies. Pourquoi noter quelque chose par écrit qui est enracinée si profondément et exprimée si clairement dans nos cérémonies ?
Tout le symbolisme utilisé par les Hopis nous rappelle les vérités que nous avons apprises il y a longtemps. Mais seulement nous‚ les Hopis‚ connaissons et comprenons ce symbolisme‚ aucune autre tribu ne peut en faire autant‚ même si beaucoup d’entre elles utilisent maintenant des symboles hopis. Elles ne voient que l’extérieur et n’ont pas la connaissance.
Si tu vois nos symboles quelque part en Amérique du Sud‚ en Amérique Centrale ou sur ce continent‚ pense que nous savons encore aujourd’hui ce qu’ils signifient. Et pense que nous savons tout cela par notre passé et par ce que nos pères nous ont transmis et que nous gardons toujours vivant.
Et n’oublie pas que le savoir des Hopis est encore plus étendu : nous savons que nos voix‚ même sans son‚ sont imprimées dans l’atmosphère et que c’est indestructible ! Des rochers et des ruines peuvent disparaître un jour‚ mais ce que nous disons‚ et ce qui se passe dans nos âmes sur un niveau plus élevé‚ ne sera jamais détruit.
LE MOT DE LA FIN
Chacun d’entre nous est né avec une prédestination et doit remplir sa tâche dans ce monde. Longtemps avant ma conception‚ il fut décidé que cela ferait partie de ma destinée de transmettre toutes ces choses. C’est pourquoi je suis venu pour parler avec toi.
Tout au début de ton enregistrement‚ je t’ai dit que l’histoire de mon peuple représente une mise en garde pour vous. J’espère que tu as maintenant bien compris cet avertissement. As-tu remarqué comment l’histoire se répète toujours et toujours ? Et tu as vu que le créateur punit l’humanité quand elle transgresse les lois et dévie ou quitte le droit chemin.
Je t’ai parlé beaucoup de notre histoire‚ de l’histoire du peuple élu. Je sais qu’elle ne correspond pas à ce que vous avez cru jusqu’à maintenant. Naturellement‚ les scientifiques voudront nous corriger‚ comme ils le font toujours. Ils ne nous comprennent pas et ne peuvent donc pas comprendre notre histoire et nos opinions. Mais nous‚ les Hopis‚ reconnaissons dans les événements d’aujourd’hui la même chose que ce qui est arrivé vers la fin du troisième monde.
Nous voyons ce qui se passe dans le monde‚ la corruption‚ les assassinats‚ et nous savons que nous sommes sur le chemin de la destruction. On peut éviter cette fin terrible si nous retournons sur le chemin du créateur‚ mais je n’y crois pas. La prochaine grande catastrophe n’est pas loin‚ seulement quelques années. Cela doit vous sembler étrange dans votre monde‚ mais nous le savons.
Nous voyons ce qui se passe dans le monde‚ la corruption‚ les assassinats‚ et nous savons que nous sommes sur le chemin de la destruction. On peut éviter cette fin terrible si nous retournons sur le chemin du créateur‚ mais je n’y crois pas. La prochaine grande catastrophe n’est pas loin‚ seulement quelques années. Cela doit vous sembler étrange dans votre monde‚ mais nous le savons.
Nous‚ les Hopis‚ nous le savons.
Cérémonie chez les Indiens Pueblos de San Juan‚ frères des Indiens Hopis.
Les Pueblos ne furent pas intégrés aux Hopis‚